Source de richesse

Le développement des provinces sahariennes dépend étroitement de leurs réserves hydriques souterraines.

Publié le 24 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

Les provinces du Sahara peuvent-elles êtres autonomes en eau ? Force est de constater que les 400 000 km2 que couvrent les trois régions méridionales du Maroc ne sont guère riches en eau de surface. L’immense plateau rocheux qui s’étend du nord au sud de la zone n’est parcouru que par de rares oueds dont le débit demeure très irrégulier. Quant aux précipitations annuelles, elles n’excèdent pas 50 millimètres/m2, notamment dans la partie la plus méridionale. Et comme la population de la zone s’est fortement accrue depuis une quinzaine d’années, les activités humaines et économiques qui en résultent posent avec une acuité nouvelle la problématique des ressources hydriques. Sur ce plan, les autorités mènent actuellement un inventaire complet des réserves disponibles, notamment dans les régions dont le potentiel est encore mal connu. C’est notamment le cas dans la province de l’Oued Eddahab, autour de la ville de Dakhla, où des études hydrogéologiques exhaustives sont en cours de finalisation. L’objectif étant de mesurer l’étendue de la nappe fossile afin d’élaborer les modèles mathématiques nécessaires à sa gestion rationnelle. Ils devront prendre en compte un nouveau phénomène, l’agriculture maraîchère hors sol, qui semble séduire un nombre croissant d’opérateurs économiques. « Il n’est pas question de gaspiller, même si les réserves sont abondantes, explique Rachid Rhandi qui, en tant que directeur régional de l’Hydraulique du Sahara, chapeaute les recherches. Pour l’agriculture, nous encourageons la technique du goutte-à-goutte plutôt que l’arrosage par gravitation. »
Concernant l’approvisionnement en eau, la zone la plus sensible reste celle de Laayoune dans la mesure où elle est la plus peuplée. Pour faire face aux besoins, un barrage d’une capacité de 110 millions de m3 a été construit en 1995 pour réguler les crues, prévenir les inondations et permettre la recharge de la nappe phréatique de Foum el-Oued (d’une superficie de 80 km2), située à proximité de l’agglomération. Dans cet objectif, un canal de recharge d’une longueur de neuf kilomètres, présentant un dénivelé de deux mètres, va être creusé dans les prochains mois. ?Il permettra d’acheminer l’eau jusqu’à une zone d’infiltration et de réalimenter la nappe par gravitation. Livraison des travaux prévue en mars 2008.
Partenaire naturel de la direction régionale de l’Hydraulique, l’Office national de l’eau potable (Onep) est également très actif. Compte tenu de l’évolution de la démographie, sa mission s’est considérablement renforcée au cours des deux dernières décennies. « La population de la province de l’Oued Eddahab est passée de 36 700 à 100 000 habitants entre le recensement de 1994 et celui de 2004, note Tahar Bellahssene, le responsable provincial de l’Onep. Ce qui représente une hausse de plus de 170 %. À l’heure actuelle, nous comptons 11 400 abonnés, avec une croissance régulière de 600 nouveaux clients par an. » Pour les satisfaire, l’Onep doit faire face à de fortes contraintes. Les forages ne fournissent qu’une eau soufrée d’une température de 36 °C, ce qui implique des traitements spécifiques et coûteux. Une station de dessalement d’eau de mer a été inaugurée en 2004, ce qui a permis de porter la capacité de production de l’Office à 110 litres/seconde, presque deux fois plus qu’auparavant (60 l/s). Deux forages ont été ajoutés aux trois anciens et un nouveau réservoir a été construit. Montant de l’investissement : 50 millions de dirhams sur deux ans.
D’autre part, le réseau a été réhabilité et étendu. Des tuyaux en PVC ont remplacé les conduites en amiante et ciment léguées par le colonisateur espagnol. Et des points d’eau subventionnés ont été installés dans les bidonvilles qui subsistent. « Nous sommes tranquilles jusqu’en 2010 », assure Tahar Bellahssene, qui projette déjà de nouveaux forages pour renforcer les capacités de l’Onep dans le Grand Sud. Parallèlement à la fourniture d’eau potable, qui reste sa prérogative numéro un, l’office s’implique logiquement dans l’assainissement. Avec l’Agence du Sud, l’État et les collectivités locales, un projet d’épuration des eaux usées de Dakhla a été lancé, représentant un investissement de 95 millions de dirhams. Avec pour première préoccupation la sauvegarde des ressources, toujours très fragiles en milieu désertique.

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