3 questions à Majid El-Ghaïb

Directeur général de l’Office national des pêches (ONP)

Publié le 24 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Que représente la pêche maritime pour les provinces du Sud ?
Majid El-Ghaïb : La région recèle un potentiel halieutique important, que ce soit pour le poisson pélagique ou la pêche au poulpe. En 2005, la pêche côtière et artisanale a débarqué un volume de 700 000 tonnes pour une valeur de près de 2 milliards de dirhams. Aujourd’hui, elles emploient, de manière directe et indirecte, près de ?200 000 personnes. C’est dire si l’activité de pêche constitue un important levier de développement économique et social ?pour les provinces du Sud. En effet, le chiffre d’affaires de 500 millions de dirhams réalisé en 1995 a été multiplié par quatre en dix ans grâce aux efforts soutenus d’investissement opérés par les pouvoirs publics pour construire et équiper les ports de Tan-Tan, Tarfaya, Laayoune et Dakhla.
Cette croissance est-elle homogène ?
Premier port de pêche du royaume et premier port sardinier d’Afrique, Laayoune a représenté près de 40 % du tonnage des débarquements nationaux de la pêche côtière et artisanale en 2005, soit plus de 380 000 tonnes, et 27 % de leur valeur (près de 630 millions de DH).
La structure de ces captures montre que le poisson pélagique domine avec près de 92 % du tonnage débarqué pour seulement 45 % de la valeur. Cette faible valorisation est due au fait que 50 % de ces débarquements sont destinés à l’industrie de farine et d’huile de poisson. Une meilleure valorisation est possible, en favorisant la qualité tout le long de la filière et l’approvisionnement des industries de transformation à plus haute valeur ajoutée, ainsi que la consommation de bouche.
Le deuxième pôle émergeant est celui de Dakhla, qui se distingue par sa proximité de la zone de pêche au petit pélagique dit stock C, situé entre Boujdour et Lagouira. Cette zone recèle un potentiel annuel de capture de l’ordre de 1 million de tonnes et offre, de ce fait, de réelles perspectives de développement. L’année 2005 a vu le démarrage de l’exploitation de cet important stock, et le port de Dakhla a connu ses premiers débarquements qui se sont élevés à près de 92 000 tonnes. Cette activité vient renforcer la position de Dakhla, qui est connue pour la pêche au poulpe. Cette activité essentiellement artisanale a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de 550 millions de DH en 2005.
Un troisième pôle d’activité est en train de se développer autour de Boujdour. Il est essentiellement centré sur une pêche artisanale à fort potentiel. Aujourd’hui, avec près de 6 000 tonnes de captures, Boujdour génère un chiffre d’affaires de l’ordre de 170 millions de DH. Et il faut souligner que le développement urbain qu’a connu Boujdour est à l’image de celui du secteur dans la région dont le chiffre d’affaires, de l’ordre de 17 millions de DH en 1995, s’est multiplié par dix en une décennie.
Les perspectives d’avenir sont-elles aussi ?prometteuses ?
Les perspectives d’avenir pour les pêches dans les provinces du Sud s’articulent autour d’un développement durable des différentes pêcheries, à savoir le poisson pélagique, le poulpe et le poisson blanc. Le département des Pêches maritimes a mis en place des plans d’aménagement pour le poulpe et le pélagique qui conditionnent l’optimisation et la pérennisation de l’exploitation de la ressource en question.
Au niveau de Dakhla, il s’agit de développer et de consolider l’activité liée au poisson pélagique, par le biais d’une exploitation rationnelle du stock C à travers le Plan d’aménagement mis en uvre par le département des Pêches maritimes. Ce stock recèle un potentiel d’exploitation additionnel qui nous permettra, à terme, de doubler la production halieutique nationale, et donc de passer à près de 2 millions de tonnes par an. L’exploitation du stock C aura des retombées économiques et sociales importantes sur la région qui se traduiront notamment par la création de 30 000 nouveaux emplois directs. J’ajouterai également qu’une zone offshore va voir le jour au niveau de Dakhla avec, à la clé, la création d’une bourse régionale au pélagique congelé.
En conclusion, l’objectif pour les provinces du Sud est d’atteindre à terme une production de 1,7 million de tonnes et un chiffre d’affaires de 4 milliards de DH, faisant ainsi du secteur de la pêche un levier essentiel pour le développement économique et social de ces provinces.

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