Ondes de choc

Première chaîne de télévision régionale du Maghreb, TV Laayoune adopte une liberté de ton nouvelle dans les provinces du Sud.

Publié le 24 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

En l’espace de quelques mois, Laayoune TV s’est imposée comme « le média du Sahara ». Et même si ses responsables ne disposent pas de moyens sophistiqués, Audimat et autres Médiamétrie, pour en mesurer l’audience, ils savent, par les multiples réactions, que la population des provinces du Sud suit attentivement leurs programmes. Cela fait bientôt deux ans que la petite chaîne sahraouie émet chaque jour de 21 heures à minuit. Ces trois heures d’émissions (moins de 20 % de rediffusion) en langue hassanie sont réalisées par une équipe de 60 personnes « 100 % sahraouies », dont sept journalistes. Ces jeunes inexpérimentés, qui ont été recrutés pour leur connaissance du terrain, bénéficient d’un encadrement de la Radiotélévision du Maroc (RTM). « Laayoune TV répond d’abord à une exigence de proximité », explique son directeur, Mohamed Laghdaf Eddah. Natif de Laayoune, juriste de formation et ancien journaliste venu de la presse écrite (il a notamment collaboré avec les quotidiens de l’Istiqlal, Al Alam et L’Opinion, ainsi qu’à l’Agence France Presse), le patron de la « première chaîne de télévision régionale du Maghreb » compose ses programmes comme un cuisinier son menu : journaux télévisés, sitcoms, variétés, mais aussi débats Ce sont ces échanges – parfois vifs – qui suscitent le plus de réactions. Tous les sujets (ou presque) sont permis. Seules restrictions : ne pas franchir les fameuses lignes rouges, parmi lesquelles l’interdiction de remettre en cause l’intégrité territoriale du royaume. Conséquence : les débats de Laayoune TV font preuve d’une liberté de ton totalement nouvelle dans le paysage médiatique sahraoui. À tel point que les responsables de l’antenne ont parfois été suspectés d’exacerber les tensions communautaires. Mohamed Laghdaf Eddah réplique qu’il ne fait que son métier : « Certains m’accusent de relayer la propagande de Rabat, d’autres d’attiser le sentiment séparatiste. Pour ma part, je n’ai pas d’autre ambition que d’informer la population des trois régions du Sud du Maroc. C’est la mission qui nous a été fixée. » Une mission pour laquelle Laayoune TV bénéficie du soutien des pouvoirs publics, notamment celui de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud, et celui de la SNRT (Société nationale de radiodiffusion et de télévision). Ces deux organismes contribuent au financement de la chaîne sahraouie, dont le budget de production atteint 40 millions de dirhams pour trois ans.
L’équipe souhaiterait disposer de moyens un peu plus conséquents, en invoquant l’immensité du territoire à couvrir. « Il est parfois difficile de parcourir 1 200 kilomètres pour réaliser un sujet de 45 secondes à Dakhla », confie Mohamed Laghdaf Eddah. En attendant de bénéficier de conditions de travail plus favorables, les salariés ne perdent rien de leur enthousiasme. Le 6 novembre prochain, ils fêteront le deuxième anniversaire de Laayoune TV. Une date qui coïncide avec la commémoration de la Marche verte, lancée par Hassan II en 1975 pour récupérer le Sahara occupé par le colonisateur espagnol. Tout un symbole.

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