Pourquoi le mauricien Avenport choisit la Chine

Le holding mauricien Avenport s’associe au chinois Ruixing Group pour soutenir ses projets laitiers en Afrique. Et en profite pour s’inviter en Asie.

Sur le continent, la majorité du lait consommé est importé. © Liz West/Flickr

Sur le continent, la majorité du lait consommé est importé. © Liz West/Flickr

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Publié le 4 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Dans le lait africain, l’offensive est généralisée. Tandis que Danone poursuit ses acquisitions (lire encadré), que Lactalis réfléchit à plusieurs développements, notamment avec son partenaire tunisien Mabrouk, que Nestlé conserve ses positions historiques, le mauricien Avenport n’est pas en reste.

Fonds contre savoir-faire

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Début juillet, ce holding familial très diversifié (immobilier, sport, agriculture, transport…) qui compte des participations jusqu’en France et en Nouvelle-Zélande a conclu un partenariat avec Ruixing Group, première entreprise privée chinoise spécialisée dans les fertilisants, qui envisage de se lancer dans la production de lait.

Avenport envisage également de s’étendre plus à l’ouest, au Gabon, après avoir été sollicitée par Libreville.

« Nous partageons notre savoir-faire avec Ruixing et il nous apporte des fonds pour nous développer dans nos périmètres traditionnels : l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Des études d’implantations sont en cours avec des partenaires locaux au Botswana, au Kenya et au Zimbabwe », explique le Franco-Mauricien Éric Sériès, président d’Avenport Investment, détenu par sa famille.

La société envisage également de s’étendre plus à l’ouest, au Gabon, après avoir été sollicitée par Libreville. Néanmoins, le patron reste modeste : « Nous sommes trop petits pour nous battre contre les géants mondiaux qui arrivent sur le marché. Nous intervenons sur un marché de niche et visons une clientèle locale. Notre valeur ajoutée face aux marques importées, c’est la proximité. Elle garantit la fraîcheur des produits. »

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Agroalimentaire : Danone double la mise  

Danone maintient son cap africain. Et frappe fort en s’offrant 40 % de Brookside Dairy, le premier groupe laitier du Kenya et l’un des plus avancés au sud du Sahara.

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Brookside" class="caption" style="margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />« Brookside est un leader sur de nombreux plans, notamment en matière de solidité des marques et de distribution avec 200 000 points de vente et de collecte. La société travaille avec 140 000 éleveurs », explique Emmanuel Marchant, directeur du développement de Danone pour les pays du Sud.

Une cible rare que Danone convoitait depuis plusieurs mois, comme l’avait révélé Jeune Afrique en janvier.

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Boom

Sur un continent où le lait consommé provient essentiellement de l’étranger, le plus souvent sous forme de poudre, Avenport – qui refuse de communiquer ses revenus – n’est pas un novice. En 2008, il a acquis une ferme laitière industrielle tout juste créée par un investisseur sud-africain, à Salazie, dans le nord de Maurice. Elle compte 600 vaches, génisses et veaux et une production quotidienne de 25 litres de lait par vache soumise à la traite rotative.

La naissance d’Agreenculture Holdings, la société qui exploite la ferme et produit déjà 1,2 million de litres par an, a largement participé au boom de la production nationale, passée de 2,5 millions de litres en 2007 à 6,5 millions l’an dernier.

Vitrine

Une révolution dans un pays qui importait 98 % de son lait jusqu’à la mise en place d’un plan stratégique en faveur de la sécurité alimentaire. La ferme de Salazie sert aujourd’hui de vitrine au groupe.

Le 17 juillet, Luc Oyoubi, le ministre gabonais de l’Agriculture, a fait le tour du propriétaire dans le cadre de négociations pour la création d’une unité de production similaire au Gabon. Un projet auquel le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) devrait participer.

Si Ruixing s’est intéressé aux projets d’Avenport, c’est pour son potentiel de développement africain certes, mais pas seulement. Le mauricien sera aussi mis à contribution en Chine.

Difficultés

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Pékin connaît en effet des difficultés d’approvisionnement. Après les scandales liés au lait contaminé produit sur le territoire chinois en 2008, les autorités ont fait abattre plusieurs millions de vaches et fermé un grand nombre d’exploitations, ce qui a fait chuter la production de 20 % en 2013, soit l’équivalent de 6 milliards de litres en moins.

« Ruixing nous a proposé de nous associer au projet chinois de la plus grosse ferme laitière du monde – 50 000 vaches -« , précise Éric Sériès. Un pas de plus dans l’internationalisation du mauricien Avenport.

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