Télécoms : l’ex-président de Safaricom Michael Joseph rappelé après le décès de Bob Collymore

Au lendemain du décès du PDG de Safaricom, Bob Collymore, des suites d’une leucémie, la direction par intérim de l’opérateur kenyan a été confiée à son ancien président, Michael Joseph, dans un souci de continuité.

Michael Joseph, ex PDG de Safaricom, a été rappelé pour assurer l’intérim après le décès de Bob Collymore. © DR / Copie d’écran Youtube

Michael Joseph, ex PDG de Safaricom, a été rappelé pour assurer l’intérim après le décès de Bob Collymore. © DR / Copie d’écran Youtube

Publié le 2 juillet 2019 Lecture : 3 minutes.

La presse kényane l’appelait « Bubbly Bob », le PDG pétillant. Car dans les milieux d’affaires, Bob Collymore, le patron de Safaricom décédé le 1er juillet, détonait par son caractère abordable, son humilité et ses airs de bon vivant. Ce vétéran de la téléphonie mobile de 61 ans était aussi à l’aise dans la sphère politique que dans les bidonvilles et les campagnes kényanes qu’il n’hésitait pas à visiter.

« Il savait parler à tout le monde et avait une véritable compréhension des besoins des classes populaires. Il a véritablement établi une connexion avec les Kényans » se souvient l’économiste Aly Khan Satchu. En témoignent les nombreux hommages qui lui sont rendus depuis deux jours. Le président Uhuru Kenyatta, l’ancien opposant Raila Odinga ou encore le richissime homme d’affaires Chris Kirubi ont présenté leurs condoléances à sa famille.

Bob Collymore, PDG de Safaricom, est décédé le 1er juillet 2019. © Eric LARRAYADIEU pour Jeune Afrique

Bob Collymore, PDG de Safaricom, est décédé le 1er juillet 2019. © Eric LARRAYADIEU pour Jeune Afrique

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Champion de l’innovation

Il faut dire qu’en moins de dix ans, ce Britannique né au Guyana a fait entrer Safaricom dans le quotidien des Kényans et porté l’entreprise à des niveaux de rentabilité jamais égalés dans la région. Aujourd’hui évaluée à 11 milliards de dollars, Safaricom compte plus de 30 millions d’utilisateurs, principalement sur la célèbre plateforme de paiement M-Pesa par laquelle transitent des milliards de dollars chaque année. Depuis son arrivée à la tête de l’opérateur téléphonique, la valeur des actions a également augmenté de près de 500 %.

Pourtant, lorsqu’il prend la tête de la société en 2010, la situation économique est difficile. Les milieux d’affaires se demandent qui aura les épaules pour succéder à Michael Joseph, ancien président de Safaricom et père de la solution de paiement M-Pesa. De plus, les opérateurs kényans sont alors en pleine guerre des prix : Airtel Kenya a radicalement baissé les tarifs des appels, poussant les autres acteurs du secteurs à suivre.

Mais Bob Collymore mise sur l’image de marque de Safaricom, sur l’innovation et la qualité des services tout en maintenant des prix élevés. Pari gagné. Aujourd’hui Safaricom détient 62 % de part de marché au Kenya, ce qui lui vaut régulièrement des critiques pour sa position hégémonique.

Inclusion financière

Il faut dire que Bob Collymore arrive à Nairobi avec une expérience solide dans le secteur de la téléphonie mobile. Après avoir démarré sa carrière chez British Communications, il devient directeur des achats de téléphones pour la chaîne anglaise Dixon puis rejoint en 2000 Vodafone, la maison-mère de Safaricom. Il lancera le réseau 3G de l’opérateur britannique au Japon puis deviendra directeur Afrique du Sud de l’entreprise.

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Chez Safaricom, il fera passer M-Pesa d’une simple solution de transfert d’argent entre téléphones portables à un véritable outil d’inclusion financière, offrant des services financiers à une population jusque là majoritairement non bancarisée. En 2012, l’opérateur téléphonique lance M-Shwari, une plateforme d’épargne et de micro-prêts en partenariat avec la Commercial Bank of Africa (CBA). La solution de paiement Lipa Na Mpesa suivra en 2013.

« Bob a aidé à faire de M-Pesa et de ses produits associés un élément essentiel du système de paiement au Kenya. (…) Il a fait du pays un leader international de l’inclusion financière », écrit Patrick Njoroge, le directeur de la banque centrale kényane. Beaucoup soulignent également l’héritage social du PDG qui a soutenu l’éducation, entrepreneuriat mais aussi les arts à travers la création du Safaricom Jazz Festival. « Il semblait moins présent dans les activités de l’entreprise au jour le jour mais plus concentré sur la relation aux clients et la communication » explique Eric Musau, directeur de la recherche à la Standard Investment Bank.

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Cinq favoris pour la succession

Bob Collymore s’est éteint quelques mois seulement avant la fin de son contrat chez Safaricom, prévue pour 2020. Les discussions autour de sa succession sont donc déjà ouvertes depuis longtemps. Le gouvernement kényan, qui détient 35 % des part de Safaricom souhaiterait la nomination d’un Kényan, mais il devra tenir compte de l’avis de Vodacom, la filiale sud-africaine de Vodafone, qui détient une part égale de l’entreprise.

Selon une source proche des milieux d’affaires, il y aurait pour l’instant cinq favoris. En attendant, le conseil d’administration a nommé l’ancien PDG Michael Joseph – et actuel président de Kenyan Airways -, en intérim, dans un souci de continuité.

Cette nouvelle a paru rassurer les marchés : le cours de l’action, qui avait chuté de 2,7 % à l’annonce du décès de Bob Collymore avant de stabiliser les pertes à 1,4% en fin de journée, est remonté de 0,18 % ce 2 juillet.

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