Maroc : Mbarka Bouaida, première femme à diriger une région
Connue comme une pasionaria de la cause du Sahara marocain, Mbarka Bouaida quittera bientôt son secrétariat d’État à la Pêche maritime pour se consacrer à son nouveau mandat, celui de présidente de sa région natale de Guelmim-Oued Noun.
En 2015, Jeune Afrique la faisait figurer dans une liste, celle des « 20 qui feront le Maroc de demain ». Mbarka Bouaida, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime et unique candidate, est assurée de prendre la présidence Conseil de la région Guelmim-Oued Noun, ce vendredi 5 juillet.
Après la démission de la présidence de la région de son cousin, Abderrahim Bouaida, suite à un long blocage de l’activité du conseil dû à des rivalités politiques qui épousent en partie des logiques familiales et tribales plus anciennes, le prénom de Mbarka s’est vite imposé. Elle, qui avait déjà aidé Abderrahim à prendre la tête de la région grâce à son important réseau, devient ainsi la première femme à diriger une telle circonscription administrative au Maroc.
Ambassadrice de la « marocanité » du Sahara
Cette région, elle la connaît bien : c’est le fief de sa famille, membre de la tribu sahraouie Aït Lahcen. Elle y est née en 1975, à Laqsabi, près de Guelmim, avant de devenir la coordinatrice régionale du Rassemblement national des indépendants (RNI), parti co-fondé par son père Ali Bouaida, patron, notable et ancien grand commis de l’État sous le roi Hassan II.
Le pedigree politique personnel de Mbarka Bouaida est éloquent. En 2007, elle devient députée de sa région. Elle est de nouveau élue à l’issue des élections législatives de 2016. Entre deux, elle goûte à la diplomatie, en co-présidant la commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne (UE) et en présidant la commission des Affaires étrangères et de la Défense nationale à la Chambre des représentants.
L’intégrité territoriale est le premier dossier de la diplomatie marocaine, explique Bouaida aux médias marocains
En 2013, elle est nommée ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, à l’époque Salaheddine Mezouar. La RNIste s’illustre particulièrement à ce poste. Forte d’avoir déjà été mandatée lors d’élections dans une région disputée, elle porte la voix du Maroc à propos d’un sujet qui occupe beaucoup la diplomatie chérifienne : le Sahara occidental.
La voilà donc ambassadrice de la « marocanité » du Sahara, qu’elle défend de Washington à Riyad, auprès des diplomates comme de la société civile. Ainsi, dans la foulée d’une décision du Tribunal de l’UE annulant une partie de l’accord agricole avec le royaume suite à une plainte du Front Polisario, son département émet une circulaire. Les équipes des ministères sont priées de limiter leurs échanges avec la délégation européenne au Maroc. « L’intégrité territoriale est le premier dossier de la diplomatie marocaine », explique Bouaida aux médias marocains.
Pièce maîtresse du RNI
En 2014, c’est elle que Rabat envoie comme observatrice à Addis-Abeba pour le 22ème sommet de l’Union africaine. Le Maroc vient de lancer son opération de reconquête des cœurs afin de réintégrer l’institution continentale (ce sera chose faite en 2017).
En avril 2017, elle est de nouveau appelée à épauler un homme fort de son parti, en l’occurrence Aziz Akhannouch, président de la formation, en étant nommée secrétaire d’État auprès de son ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime. Abdelouadoud Kharbouch, deuxième sur la liste du RNI dans l’arrondissement de Guelmim, la remplace alors au Parlement. Contrainte de quitter Rabat pour honorer sa nouvelle fonction dans le Sud du royaume, elle devra désormais trouver aussi un remplaçant au ministère, le cumul des deux mandats étant impossible.
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