Libye : les migrants instrumentalisés dans la guerre entre Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar
L’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar et le Gouvernement d’entente nationale de Fayez al-Sarraj se rejettent la responsabilité de la mort, mardi soir en banlieue de Tripoli, de 53 migrants dans la frappe aérienne d’un camp de détention. Un nouvel épisode qui illustre l’instrumentalisation de la question migratoire par les deux camps.
Vers 23h à Tripoli, ce mardi, une frappe aérienne attribuée à l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar a détruit le centre de détention de Tajoura, en banlieue sud-est de la capitale, tuant 53 personnes sur les 660 présentes, d’après les derniers chiffres communiqués par les Nations unies. Trois mois après le début de l’offensive de l’homme fort de l’est libyen, cette nouvelle attaque a suscité l’indignation de l’opinion publique internationale, notamment en Europe, qui a délégué progressivement la gestion du secours à ses partenaires libyens en échange d’un soutien technique et financier.
Les réactions n’ont pas tardé. Si l’Union africaine a « condamné fermement » la frappe, l’UE s’est limitée à « appeler toutes les parties en conflit à respecter le droit international humanitaire », optant ainsi pour la neutralité, alors que les politiques migratoires européennes et le financement des gardes-côtes libyens font débat. « Je demande une enquête internationale » pour cet « horrible accident », a réagi António Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, sans véritablement pointer du doigt le maréchal Haftar, qui a bombardé depuis début avril plusieurs quartiers de la banlieue méridionale de Tripoli.
I am outraged by reports that dozens of refugees and migrants, including women and children, have been killed and injured by airstrikes on a migrant detention centre near Tripoli, Libya.
— António Guterres (@antonioguterres) July 3, 2019
I condemn this horrendous incident and call for an independent investigation.
Alors que Fathi Bashagha, le ministre de l’intérieur du Gouvernement d’entente nationale (GNA), a déclaré jeudi pouvoir prouver qu’un avion F-16, de construction américaine et utilisé par les Émirats arabes unis, a frappé le hangar où étaient entassés les migrants, les États-Unis ont posé leur veto à une condamnation par le Conseil de sécurité onusien – un communiqué du département d’État américain se contentant de dénoncer une frappe « odieuse » sans appeler à une trêve – , démontrant ainsi toute la sensibilité du sujet.
Bien s’informer, mieux décider
Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...