Au travail !

Le taux de chômage dans le Sud reste largement supérieur à la moyenne nationale.

Publié le 24 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

Depuis le lancement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) par Mohammed VI en mai 2005, la lutte contre le chômage a été érigée en « mère de toutes les batailles » dans les trois régions du Sud du Maroc, comme dans les treize autres wilayas du royaume. À l’instar du reste du pays, « les diplômés-chômeurs sont la hantise du Sud », explique un fin connaisseur de la situation économique et sociale de la zone. Mais plus qu’ailleurs, dans ce « far west » maghrébin, la lutte pour l’emploi s’annonce rude, du fait de sa faible industrialisation, de ses contraintes climatiques sévères, de son éloignement par rapport aux grands centres d’affaires nationaux et, enfin, du poids des politiques d’assistanat qui y ont prévalu pendant de longues années.
Les chiffres sont éloquents : alors que le taux de chômage n’était « que » de 11,3 % au niveau national en 2005, il atteignait 21,6 % dans les neuf provinces du Sud. Le problème est particulièrement aigu dans les villes, où il s’envolait alors à près de 24 %. « Et ces statistiques auraient été plus mauvaises encore si l’administration publique – pléthorique – n’avait pas servi de soupape de sécurité pendant des décennies », poursuit le même économiste. Pour permettre aux provinces méridionales de se refaire une santé sociale, les autorités ont donc mis au point un remède de cheval. Son nom ? L’Initiative pour la promotion de l’emploi et le développement (Iped).
Estimé à 20 millions de dollars sur cinq ans, l’investissement s’inscrit dans le cadre de l’INDH. Conjointement financé par l’Agence du Sud – la structure mise en place par le gouvernement pour coordonner le développement des neuf provinces du Sud -, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le ministère du Développement social et les collectivités locales (provinces et régions) notamment, il a démarré en début d’année. Conçu comme une déclinaison territoriale de la politique nationale en matière d’emploi pour être plus en phase avec les problématiques locales, l’Iped repose sur trois grands piliers : un fonds de développement régional destiné à soutenir des projets dont le coût global ne dépasse pas 100 000 DH ; des cellules d’appui à l’initiative privée au sein des centres régionaux d’investissement (CRI), composées d’experts chargés d’identifier les secteurs économiques porteurs de la zone ; et une structure unique baptisée « Maison de l’initiative ». « Clé de voûte du programme, celle-ci a été pensée comme un terminal d’information, de conseil et d’accompagnement au service des demandeurs d’emploi et des porteurs de projet », expliquent ses promoteurs. Qui poursuivent : « Pour pallier le phénomène de démultiplication des acteurs et la complexité des démarches, la Maison de l’initiative agira comme un guichet unique, regroupant toutes les compétences et tous les services existants en matière d’appui et d’aide à la création de petites entreprises. »
En clair : la structure sera présente dans les dix principaux centres urbains des wilayas de Guelmim, Laayoune et Oued Eddahab. Son ouverture est effective ou imminente dans les localités de Guelmim, Tata, Tan-Tan, Assa et Tarfaya et interviendra dans les mois à venir à Laayoune, Smara, Boujdour, Dakhla et Aousserd. Elle hébergera dans un même bâtiment toutes les initiatives nationales destinées à la lutte contre le chômage et la précarité. ?À savoir : le programme Moukawalati d’accompagnement à la création d’entreprises, l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec), l’INDH, le programme Oasis de réhabilitation des palmeraies de la province de Guelmim-Smara et l’Agenda 21. Cette feuille de route, élaborée en partenariat avec le Pnud, est destinée à promouvoir la gestion locale participative à travers des programmes de développement durable.
« En résumé, l’Iped est une démarche pragmatique qui privilégie le cas par cas. Sa philosophie ? Faire en sorte que tout jeune qui entre dans une maison de l’initiative n’en ressorte pas bredouille », synthétise Youssef Slaoui, l’ancien coordonnateur du programme au sein du Pnud. Avec, en ligne de mire, plusieurs objectifs : créer 30 000 emplois en 2009, structurer économiquement le Sud et y construire des success stories, afin, dit-il, de « redonner confiance à tout le pays ».

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