[Tribune] Patrimoine culturel : ce que change l’exposition « IncarNations »
Présentée à Bruxelles, « IncarNations » est une exposition dont le commissariat est assuré par un artiste africain en dialogue avec un collectionneur africain et un mécène dont le point de vue est afro-centrique.
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Kendell Geers
Artiste sud-africain et commissaire de l’exposition « IncarNations », au musée des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar), présentée jusqu’en octobre 2019.
Publié le 11 juillet 2019 Lecture : 4 minutes.
La capacité de parler et de créer des mots est ce qui nous rend humains. Et la maîtrise de cette aptitude est ce qui transforme le poète : il devient un visionnaire. Je suis un homme et un artiste, mais je ne suis pas n’importe quel homme, ou pas n’importe quel artiste, parce que je suis un artiste africain. Comme tant d’Africains blancs, mes ancêtres sont des criminels qui ont quitté les Pays-Bas à la recherche d’un nouveau départ, d’une occasion de ne pas répéter les erreurs de l’Histoire.
Ils ont échoué, tandis que le hollandais dégénérait en afrikaans, et que les Boers donnaient de la voix pour assujettir leurs hôtes indigènes, et prendre possession de leurs ressources. Ma maudite tête blanche s’incline dans la honte, chargée de l’horreur qui a fourni l’enclume sur laquelle le privilège blanc a martelé pendant des siècles sa sourde dictature. Mais cela ne me rend pas moins africain et je ne suis pas mes ancêtres.
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