Quelle ambition pour le Nigeria ?

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Malgré le désastre des élections du mois d’avril, il reste encore au Nigeria une chance d’exorciser ses vieux démons. Cinq années de croissance, fondée sur l’exploitation pétrolière, ont donné aux responsables politiques d’excellents atouts pour guérir le Nigeria de ses maux. Mais le risque demeure de voir la manne pétrolière ne profiter qu’à des intérêts privés.
Président depuis deux mois, Umaru Yar’Adua a néanmoins donné des signes encourageants. Le cur de son programme est, selon ses propres dires, de renforcer l’élan économique libéral initié par son prédécesseur, Olusegun Obasanjo. Le nouveau chef de l’État veut également développer le rôle de son pays dans les institutions internationales et, surtout, distribuer les bénéfices de l’augmentation de la croissance. Ce qui n’ira pas sans mal.

Totalement corrompues, les institutions fédérales (douanes, Banque centrale, compagnie pétrolière nationale) maintiennent une influence délétère sur l’économie du pays. Parallèlement, presque la moitié des ressources publiques sont sous le contrôle des gouvernements, fédéral et régionaux, où les hommes politiques avides d’argent sont légion. Et les Nigérians paient tous les jours les frais de cette situation à travers le manque de services publics élémentaires : hôpitaux, écoles, routes
On pourrait penser que Yar’Adua, qui était gouverneur d’un des États musulmans du Nord, soit incorruptible. Mais les fraudes constatées lors du scrutin d’avril ont été si importantes qu’elles ont terni, dès le premier jour, son mandat. Pour affirmer sa légitimité, il a cherché à se concilier les opposants en colère dans un gouvernement d’unité, tout en essayant de donner satisfaction aux huiles de son parti. Les tractations n’ont, jusqu’à présent, toujours pas abouti.

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Dès lors, Yar’Adua n’aurait-il pas tout intérêt à lancer directement un appel aux citoyens et à prendre sans attendre la voie du changement ? Cela n’est peut-être pas aussi difficile qu’il n’y paraît. Il y a huit ans par exemple, seul 1 Nigérian sur 250 avait accès au téléphone. Aujourd’hui ils sont 50 fois plus. Alors, stopper la crise politique de la génération au pouvoir et développer l’offre de services publics ? Voilà un défi qui, s’il était relevé, aurait un impact beaucoup plus positif sur la population.
Le Nigeria, dont la production de pétrole a une influence sur les cours mondiaux, peut constituer un moteur de croissance et de stabilité en Afrique de l’Ouest et centrale. Ou au contraire saper les efforts de progrès réalisés dans ces régions. Le pays le plus peuplé d’Afrique a le choix. Mais son évolution, quelle qu’elle soit, aura des échos bien au-delà des limites de son territoire.

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