Quand les archéologues cherchent la petite bête

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Les chercheurs scientifiques pourraient bien, dans ce monde parcouru en tous sens par les charters touristiques, être les derniers aventuriers, les ultimes découvreurs de civilisations inconnues ou perdues. Ainsi Alex Chepstow-Lusty, du Centre de bioarchéologie et d’écologie de Montpellier, s’est-il attardé auprès d’un lac péruvien, le lac Marcacocha, à 3 350 m d’altitude, sur une route empruntée pendant longtemps par des caravanes de lamas qui transportaient la cola, afin de tester sa méthode de comptage des acariens oribates. Ces animaux microscopiques vivent dans la litière du bétail. En comptant leur densité dans les diverses couches sédimentaires d’un pâturage, le scientifique a pu apporter des indications sur le développement de l’Empire inca, sur la conquête espagnole et sa cohorte d’épidémies, sur l’arrivée en Amérique latine du bétail européen et sur le refroidissement du climat à la fin du XVIIe siècle. Alex Chepstow-Lusty s’est spécialisé dans la traque des indices de l’activité humaine passée, notamment en analysant les charbons qui révèlent l’histoire des brûlis, et c’est par hasard qu’il a découvert les squelettes externes des acariens oribates.

Contrairement à celui qui infeste nos literies, l’acarien oribate colonise les zones de pâturage. Il se nourrit essentiellement de débris végétaux, de microchampignons et des excréments du troupeau. Plus celui-ci est important, plus le parasite déploie une occupation proportionnelle des lieux. Désormais ce minuscule organisme de moins d’un millimètre est un précieux indicateur de la présence des troupeaux dans les zones de pâturages anciens. C’est aussi un témoin historique puisqu’il permet de reconstruire les étapes des changements socioculturels dans les Andes, en levant le voile sur la présence d’activités humaines sur ces terres, avec une remontée dans le temps qui va au-delà de cinq cents ans. Les scientifiques, aidés par des documents historiques datant du XVIe siècle, ont pu confirmer la pertinence de cette méthode. Elle devrait être appliquée bientôt dans d’autres zones du globe, notamment pour comprendre les conséquences de l’introduction des maladies et analyser les étapes de l’épanouissement et du déclin de certaines civilisations causés par des pressions politiques ou des forçages climatiques.

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