Promesses chiraquiennes

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Jacques Chirac avait promis que la France consacrerait 0,7 % de son revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) en 2012. Las, il semble que la « rupture » voulue par Nicolas Sarkozy s’accompagne de restrictions budgétaires. « La parole doit être respectée, je me battrai en ce sens », a promis Jean-Marie Bockel, le nouveau secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, le 17 juillet, à Paris, lors des Journées de la coopération internationale et du développement. Une restriction de taille, toutefois : « Nous n’atteindrons pas notre objectif de 0,7 % en 2015 si nous ne consentons pas annuellement des efforts importants. »
Regards interloqués dans l’assistance Lapsus ? Non, il faut se rendre à l’évidence : il n’est plus question de 2012, mais bien de 2015. « Chirac a pris une série d’engagements que la France ne peut pas tenir, le principe de réalité s’impose », résume un spécialiste de la coopération. Une sorte de cadeau empoisonné à ses successeurs
En 2006, le montant de l’APD a été de 8,3 milliards d’euros (0,47 %), mais ce chiffre inclut 2,8 milliards d’annulations de dette et tient compte d’une forte progression de l’aide multilatérale (2,1 milliards). Selon les calculs de l’Agence française de développement (AFD), il faudrait que ?l’aide additionnelle soit au moins de 1,5 milliard d’euros pour atteindre le pourcentage de 0,7 %.
L’autre grand dossier du moment est le partage des tâches et la répartition des compétences entre les différents intervenants. « J’entends participer à la définition et à la mise en uvre d’une politique d’aide au développement [] qui prenne en compte la question des flux migratoires », insiste Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, qui revendique une part dans les budgets APD. Les Affaires étrangères, désormais dirigées par Bernard Kouchner, et la Coopération apprécient modérément cet empiétement. Le vote de la loi de finances 2008 va sans nul doute donner lieu à des arbitrages délicats.
Un conseil interministériel restreint, qui sera sans doute présidé par Sarkozy, est prévu dans les prochains jours. « Je ne sais pas où l’on va, mais ça va être dur », reconnaît un proche du dossier, qui redoute ce qu’il appelle une « balkanisation de l’aide ». « La multiplication des donneurs d’ordre va compliquer les choses », confirme un responsable de l’AFD. « L’équilibre sera trouvé grâce aux différents arbitrages, mais aussi dans la pratique », répond un membre du cabinet d’Hortefeux. Encore faudrait-il que la pratique ne se résume pas au fait accompli et que la maîtrise des flux migratoires ne devienne pas l’alpha et l’oméga du partenariat Nord-Sud.

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