Mort des deux fils de Saddam

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Après l’euphorie née de la chute de Bagdad, le 9 avril 2003, les mauvaises nouvelles se succèdent pour la Maison Blanche et le Pentagone. Nulle trace d’armes de destruction massive qui avaient servi de prétexte à l’invasion de l’Irak ; l’ennemi public numéro un, le président déchu Saddam Hussein demeure introuvable ; et une insaisissable guérilla mène la vie dure aux GI’s. Le 23 juillet, le général Ricardo Sanchez, commandant en chef des forces US, annonce triomphalement l’élimination de Oudaï et de Qoussaï Hussein à l’issue d’un raid des forces coalisées contre une maison d’un quartier résidentiel de Mossoul, dans le nord du pays. Les fils du raïs étaient les personnes les plus recherchées après leur père. « Cette annonce confirme que le régime dictatorial est tombé et qu’il ne sera pas rétabli », claironne Scott McClellan, porte-parole de la Maison Blanche.

Oudaï, 39 ans, l’aîné de la fratrie, était réputé pour sa cruauté, son penchant pour les plaisirs de la chair, les voitures de sport et les armes en tout genre. Son jeune frère, Qoussaï, 37 ans, était plus discret. Présenté comme le successeur de Saddam, Qoussaï avait pris du galon dès 1997, après que le dauphin naturel, Oudaï, a été la cible, en décembre 1996, d’un attentat auquel il avait miraculeusement survécu. Qoussaï hérite de la direction de la Garde républicaine, bras armé du clan de Tikrit, au pouvoir en Irak, fonction qu’il cumule avec celle de patron des moukhabarat, les redoutables services secrets du Baas. Dès les premières heures de l’invasion américaine, Oudaï et Qoussaï entourent leur père lors du dernier conseil de guerre irakien, dont les images seront diffusées quelques heures plus tard par la télévision publique.
Oudaï est nommé à la tête des Fedayine de Saddam, milice paramilitaire chargée de la défense de la capitale. Qoussaï, lui, devra coordonner les différents corps d’armée. La réunion est évidemment secrète, mais la nouvelle parvient aux Américains, qui lancent deux missiles Tomahawk sur le palais où elle se déroule, mais aucun participant ne sera blessé. C’est la dernière fois que Saddam voit ses fils. La première dame, Sajida, sa fille Raghad et les autres femmes du clan sont convoyées vers Amman, en Jordanie, en compagnie des enfants. Mustapha, 14 ans, fils de Qoussaï, insiste pour demeurer aux côtés de son père. En compagnie d’un garde du corps, ils prennent la direction de Mossoul, où le chef de la tribu sunnite des Abou Issa, le cheikh Mohamed al-Zeidane, fortement redevable au clan de Tikrit, met à leur disposition sa maison.

la suite après cette publicité

Mais depuis la chute de Bagdad, la donne n’est plus la même. L’Irak sombre dans le chaos, et sa population dans le désarroi. L’hôte des deux fugitifs est de moins en moins sensible aux discours appelant à la résistance. En outre, les 10 millions de dollars promis par les nouveaux maîtres de l’Irak pour tout renseignement pouvant mener à l’arrestation de chacun des deux fils sont loin d’être négligeables. Le 20 juillet 2003, il se rend au siège du commandement américain. Ses interlocuteurs n’en croient pas leurs oreilles : « Je vous demande de me débarrasser des fils de Saddam Hussein qui occupent ma maison. » Plus de trois cents GI’s assiègent la villa, mais les occupants opposent une farouche résistance six heures durant. Les Américains, soucieux d’épargner la vie de leurs soldats et d’en finir vite, dépêchent deux hélicoptères Apache qui larguent une dizaine de missiles sur la maison. Quatre cadavres seront retirés des décombres, dont celui d’un adolescent. Le corps de Oudaï est identifié grâce à une balle restée dans sa mâchoire après l’attentat de décembre 1996. Celui de Qoussaï est reconnu par des dignitaires de l’ancien régime détenus par les Américains. Deux « armes de destruction massive » venaient d’être éliminées. Quant à Zeidane, il doit faire partie aujourd’hui des 400 Irakiens admis aux États-Unis, au titre de réfugié politique. Nul ne sait s’il a touché sa récompense de 20 millions de dollars.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires