L’entente cordiale

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Idriss Déby Itno est reparti satisfait de sa visite en France, du 18 au 21 juillet. Il a en effet obtenu ce qu’il était venu chercher : la garantie que l’armée française continuera de surveiller la zone rebelle à la frontière entre le Tchad et le Soudan. D’ailleurs, le rebelle Timane Erdimi le confirme à sa manière : « Tous les deux jours, un Bréguet français du dispositif Épervier survole nos positions et sort ses grandes oreilles pour nous écouter, comme avant », dit-il, avec une pointe d’agacement. Bref, le président tchadien dispose de la même « assurance-vie » que du temps de Jacques Chirac.
Entre les présidents tchadien et français, le courant passe. Les deux hommes se connaissent depuis l’époque où Nicolas Sarkozy était ministre du Budget, en 1993. Ils se tutoient. Dès l’annonce de la mort de Brahim Déby, le 2 juillet (voir ci-contre), Sarkozy a appelé son père pour lui présenter ses condoléances. Le 19 juillet, à l’Élysée, quand ils se sont rencontrés en présence de leurs délégations, il a de nouveau témoigné à son hôte toute sa solidarité. Silence dans la pièce. Puis, Idriss Déby Itno a remercié son interlocuteur d’une voix grave. « Visiblement, il était très ému », confie un témoin.
Au cur de l’entretien, bien entendu, la crise du Darfour. Les deux hommes partagent la même méfiance à l’égard du régime de Khartoum. « L’an dernier, quand ils ont voulu faire sauter Déby Itno, les Soudanais ont vraiment poussé le bouchon très loin, estime un proche du dossier, à Paris. Tant pis pour eux, cela n’a fait que renforcer la solidarité entre Zaghawas, au bénéfice des rebelles soudanais du Mouvement pour la justice et l’égalité [MJE]. »
Pour protéger l’est du Tchad – et notamment les 200 000 réfugiés soudanais et les 150 000 déplacés tchadiens qui s’y trouvent -, Sarkozy souhaite qu’une force européenne de 1 500 à 2 500 hommes y soit déployée à partir du mois d’octobre. Au début, Déby Itno a dit non, pour ménager Mouammar Kadhafi, son voisin, qui ne veut pas entendre parler d’une présence militaire occidentale à la frontière sud de la Libye. Mais comme le dit un observateur tchadien, « pour assurer sa survie, Idriss a beaucoup plus besoin des avions français que des dollars libyens ». En sortant de l’Élysée, ce dernier a donc déclaré que « c’est une idée qui est encore en discussion », mais que « le Tchad estime que, d’une manière ou d’une autre, la présence de la communauté internationale est importante pour sécuriser les réfugiés et les déplacés ».
Au cours de l’entretien, Déby Itno a sans doute été surpris d’entendre un président français s’enquérir des prochaines législatives dans son pays. Il faut dire que, depuis plus d’un an, la France et l’Union européenne s’efforcent de favoriser un rapprochement entre le chef de l’État tchadien et ses opposants de l’intérieur. L’objectif est double : constituer des listes électorales fiables et créer une commission électorale vraiment indépendante. Un accord est en vue. Jacques Chirac se serait-il intéressé à ce genre de sujet ? La « différence » Sarkozy est peut-être à chercher de ce côté-là.

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