La valse de Ravalomanana

En menaçant de rompre avec le Fonds monétaire international, le chef de l’État a joué avec le feu. Au risque de ternir l’image de la Grande Île.

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Finalement, Madagascar ne suspendra pas sa coopération avec le Fonds monétaire international (FMI). C’est pourtant ce qu’avait menacé de faire le président Marc Ravalomanana, le 12 juillet, pour manifester son irritation à l’égard de l’institution financière. Si l’affaire semble aujourd’hui oubliée, elle risque de nuire à l’image de la Grande Île.
Le contentieux est né à la suite de l’annonce d’une amnistie fiscale décrétée à la veille de la fête de l’indépendance, le 25 juin. Dans son discours à la nation, le chef de l’État a officialisé l’effacement pur et simple des dettes contractées vis-à-vis du fisc par les personnes et les sociétés ayant omis de payer leurs impôts depuis plusieurs années. Sont également concernées les infractions concernant les droits de douanes ainsi que le rapatriement de devises, commises avant le 26 juin 2007. Une sorte de « prime à la casserole » qui, même si elle est destinée à doper les investissements, risque surtout de favoriser l’impunité.
La décision présidentielle a aussitôt suscité l’inquiétude des institutions financières. Suffisamment en tout cas pour justifier une rencontre entre Abdoulaye Bio Tchané, le directeur Afrique du FMI, et le chef de l’État malgache, le 2 juin à Accra (Ghana), lors du sommet de l’Union africaine.
Ce n’est pas la première fois que l’institution exhorte Antananarivo à plus de prudence en matière fiscale, Madagascar affichant l’un des taux d’imposition les plus faibles d’Afrique. Mais Ravalomanana n’en a pas moins laissé crânement entendre que son gouvernement s’efforcerait de trouver d’autres sources de financement si le FMI décidait de suspendre son appui aux réformes économiques en cours.
Une rupture avec l’institution aurait pu avoir de lourdes conséquences. La majorité des bailleurs de fonds aurait pu en effet arguer d’une rupture avec le FMI pour se désengager. Or Madagascar reste très dépendante des aides extérieures. Et contrairement au bouillonnant Hugo Chávez, président d’un Venezuela riche en pétrole, qui a décidé, en avril dernier, de se retirer des institutions de Bretton Woods, Ravalomanana ne dispose pas de ressources suffisantes pour s’émanciper de l’aide occidentale. Quant aux financements parallèles, il ne faut pas trop y compter. En 1993, les autorités malgaches avaient déjà tenté le coup, ce qui n’avait fait qu’accroître l’isolement de la Grande Île, qui avait finalement réintégré le giron du FMI après trois ans de vaches maigres.
Après cinq jours de débats enflammés, le président malgache a donc choisi de calmer le jeu, le 17 juillet, expliquant à l’opinion publique qu’il n’avait pas de différend avec le FMI. L’institution a affirmé de son côté qu’elle ne contestait pas « le principe de l’amnistie fiscale, l’essentiel étant que le texte de loi soit bien rédigé ». Cette décision brutale d’un président jugé souvent trop impulsif aurait pu ruiner du jour au lendemain les relations, jusqu’ici très courtoises, nouées entre Madagascar et les institutions de Bretton Woods en juillet 2002, au lendemain du changement de régime. Et cela aurait pu coûter très cher : il y a un an, le conseil d’administration du FMI a approuvé une Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Dans le cadre de ce programme triennal, Tana recevra 80 millions de dollars divisés en sept tranches d’environ 11,5 millions de dollars chacune. De quoi largement combler le manque à gagner consécutif à l’amnistie fiscale.

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