La dynastie Hawas

Petit immigré tunisien sans le sou, Ali était devenu l’un des grands propriétaires français de chevaux de course. Patrick et Karim, ses fils, ont pris le relais. Et Tatiana, sa petite-fille, montre déjà de belles dispositions !

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

C’est une légende du monde du trot qui a fini par s’imposer dans un milieu auquel rien ne la prédestinait. Avec six victoires à son actif sur l’hippodrome de Vincennes, la famille Hawas est devenue un acteur majeur du petit monde de la course hippique. Un statut qu’elle doit en grande partie à son patriarche, Ali, décédé en 2004 à l’âge de 70 ans, qui avait su s’imposer dans le milieu à la force du poignet. « Au début, personne ne voulait de moi ; désormais, personne ne veut plus me laisser partir », avait l’habitude de dire ce dernier. Une formule qui résume parfaitement la carrière d’entraîneur d’Ali Hawas, dont « la personnalité et le parcours en ont dérangé plus d’un », selon le Français Yves Dreux, qui fut son jockey pendant vingt ans.
Né à Tunis dans une famille modeste, Ali Hawas se découvre une passion pour l’équitation en faisant de la boxe. Tous les matins, il court pour s’entraîner sur l’avenue Gambetta (aujourd’hui, Mohammed-V) et croise régulièrement des chevaux, qui le fascinent par leur grâce et leur élégance.

Quand il décide, à la stupéfaction de sa famille, de partir gagner sa vie en France, le jeune homme compte toujours sur ses exploits sur le ring pour manger à sa fin. Mais, rapidement, il s’aperçoit que la boxe ne nourrit pas son homme et se retrouve sans le sou. Dans un pays qu’il connaît à peine, Ali n’a plus que sa passion pour les chevaux pour point de repère. Il se lance alors dans une carrière d’entraîneur avec une jeune femme, Nicole, rencontrée dans un bal et qui, six mois plus tard, deviendra son épouse. Son rêve : acquérir un jour un domaine bien à lui. Il y parviendra après dix années de labeur en acquérant le domaine de Villeneuve-Otte, où il élève ses propres poulains. Ali ne lève pas le pied pour autant. Au contraire, il travaille plus dur encore. « Si j’avais été payé au Smic, avec toutes ces heures travaillées, j’aurais été milliardaire », ironisait-il. Patrick et Karim, ses deux fils, sont soumis au même régime : il n’y a pas de traitement de faveur chez les Hawas. « On devait se lever plus tôt que le personnel et partir plus tard, pour montrer l’exemple », raconte le premier.
Tous ceux qui ont eu l’occasion de rencontrer Ali sont unanimes : il avait une autorité naturelle sur les chevaux et savait déceler au premier coup d’il les défauts et les qualités d’un trotteur. Pourtant, l’homme a toujours détonné dans le milieu un peu guindé des courses.

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Le courage et la ténacité d’Ali finissent par payer. En 1981, grâce à Mabrouka, sa « jument de cur », il gagne le prestigieux Prix du président de la République, au trot monté, sur l’hippodrome de Paris-Vincennes. Il récidive à quatre reprises, avec d’autres trotteurs (1982, 1988, 1992, 1996). Mais le succès ne le change pas. Jusqu’à la fin il continue de se lever à 6 heures du matin et ne quitte ses écuries qu’à la nuit tombée. « Quand une course se passait mal, il ne disait rien, ne faisait aucun reproche. Et lorsqu’on gagnait, il n’y avait pas d’explosion de joie, juste une lueur dans ses yeux », se souvient Yves Dreux.
En vacances en Tunisie, même malade et très affaibli, Ali passe tout son temps à l’hippodrome de Ksar Saïd, dans la capitale. Il n’aura jamais cessé de s’adonner à sa passion. Aujourd’hui, ses deux fils ont repris le flambeau. En décembre 2006, avec sa jument Princess Foot, Patrick Hawas a remporté le Prix de Vincennes dans un temps record. Quant à Tatiana, sa petite-fille, elle montre déjà d’étonnantes dispositions. Pas de doute : la relève est assurée.

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