Blocage au sommet

Le nouveau remaniement ministériel suffira-t-il à sortir le pays de la crise ?

Publié le 23 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, a procédé, le 13 juillet, à un remaniement ministériel marqué par l’entrée au gouvernement de sept nouvelles figures. Cette équipe devrait calmer la crise institutionnelle qui menace la stabilité du pays depuis déjà un an.
Tout avait commencé en juillet 2006 par l’arrestation d’un président et d’un vice-président de la transition, Domitien Ndayizeye et Alphonse Kadege, accusés de préparer un coup d’État. La crise a ensuite touché le parti au pouvoir, le Conseil national de défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), qui se scinde en deux après le limogeage, en février 2007, de son président Hussein Radjabula, emprisonné un mois plus tard. Le CNDD-FDD ayant perdu la majorité au Parlement, ses principaux rivaux, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu) et l’Union pour le progrès national (Uprona), en profitent pour gêner l’action du gouvernement. Les travaux parlementaires ont repris fin juin avec, en toile de fond, la formation d’une nouvelle équipe composée de représentants des principaux partis, comme l’exige la Constitution.

Mais, à peine remanié, le nouveau cabinet est contesté par la classe politique. Le Frodebu et l’Uprona reprochent au chef de l’État de n’être pas allé au bout du dialogue politique. Et, surtout, d’avoir nommé des personnes qu’ils n’ont pas eux-mêmes désignées. « Ce gouvernement est inconstitutionnel, clame Pancrace Cimpaye, le porte-parole du Frodebu. Il y aura un blocage des institutions. »
Selon le camp présidentiel, Nkurunziza aurait attendu que ses deux principaux interlocuteurs lui transmettent une liste de candidats-ministres. En vain Un argument que balaie Cimpaye : « Nous aurions aimé faire partie de cette équipe. Mais pour former un gouvernement de cohabitation, il ne s’agit pas simplement de donner une liste. Il faut tout d’abord s’entendre sur une plate-forme politique pour savoir ce que l’on attend de nous. Or le président a refusé d’organiser une séance de travail sur ce point. »

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Avec ce nouveau faux pas, la crise politique burundaise risque de s’enliser. Tout porte à croire, en tout cas, que le remaniement ministériel du 13 juillet, le cinquième en deux ans, ne sera pas le dernier Le 15 juillet, Léonce Ngendakumana, le président du Frodebu, et le reste de l’opposition ont accueilli avec les honneurs Léonard Nyangoma, leader historique du CNDD-FDD, de retour d’exil. Ce dernier, tombé en disgrâce pendant la rébellion, n’a jamais caché ses ambitions présidentielles. À Bujumbura, on parle déjà d’une grande alliance contre Pierre Nkurunziza, à laquelle pourraient se joindre les Forces nationales de libération (FNL, la dernière rébellion en pourparlers avec le pouvoir). À moins que les vertus du dialogue ne l’emportent sur l’affrontement.

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