Cacao : la Côte d’Ivoire veut bloquer sa production à 2 millions de tonnes
Diminuer la production pour faire remonter les cours : telle est la stratégie dévoilée le 11 juillet par le Conseil café-cacao (CCC), le régulateur de la filière cacao de Côte d’Ivoire.
Le rapport de la Banque mondiale intitulé Au pays du cacao, comment transformer la Côte d’Ivoire présenté ce 11 juillet à Abidjan par l’économiste suisse Jacques Morisset, chef de programme de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, a décliné les grandes tendances de l’économie ivoirienne, et notamment l’impact du cacao. Bien que cette culture constitue l’une des richesses du pays, son essor ne profite toujours pas aux producteurs qui demeurent dans l’extrême pauvreté, a estimé ce dernier.
Nous allons stopper le renouvellement des plantations
Une position qu’a réfutée Mamadou Sangafowa Coulibaly, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, en arguant que les revenus des producteurs dans diverses cultures de rente ont été multipliés par 3 entre 2012 et 2016, passant de 2 000 milliards de francs CFA (3 milliards d’euros) 6 000 milliards de F CFA.
Une baisse de plus de 10 %
Pour contrôler sa production et avoir un impact sur les prix du marché international, la Côte d’Ivoire envisage de stabiliser sa récolte de cacao à 2 millions de tonnes à partir de la campagne de commercialisation 2020-2021, qui démarre en octobre 2020. La récolte 2018-2019 en cours (qui s’achève le 30 septembre), atteindra quant à elle le chiffre record de 2,25 millions de tonnes. La production devra donc chuter de plus de 11 % d’ici à 2020-2021.
« Nous avons de décidé de contrôler notre récolte, de stopper la production et la distribution de nouveaux plants de cacao et de suspendre le renouvellement des plantations. Nous avons donc demandé aux exportateurs d’arrêter la distribution des plants aux paysans », a expliqué Yves Brahima Koné, le directeur général du Conseil café cacao (CCC), selon lequel la Côte d’Ivoire a lancé un recensement des producteurs de cacao et de leurs vergers sur l’ensemble territoire national, afin d’avoir une traçabilité de toute la récolte et de mieux la contrôler.
Vers la transformation de 100 000 tonnes de cacao en Côte d’Ivoire
Le patron du CCC est revenu sur l’instauration d’un différentiel de 400 dollars la tonne par rapport au cours de référence de 2 300 dollars la tonne, prônée par la Côte d’Ivoire et le Ghana depuis le 3 juillet, faute d’obtenir des multinationales un accord sur un prix plancher.
En attendant la mise en œuvre effective de cette mesure, les deux pays ont suspendu les ventes de la récolte 2020-2021, qui devaient démarrer début juillet. Le CCC s’est pour l’instant contenté de transmettre aux multinationales, le 10 juillet, une circulaire pour leur expliquer la procédure de réouverture des ventes.
« Nous ne nous arrêterons pas là, nous sommes à la recherche de financement pour lancer la construction de deux usines de transformation d’une capacité chacune de 50 000 tonnes à Abidjan et à San Pedro. Nous avons déjà acquis les terrains », a assuré Yves Koné qui souhaite privilégier la transformation locale.
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