Volvo veut se placer en Afrique
Le constructeur d’équipements de chantiers se prépare à affronter Caterpillar et Komatsu. L’enjeu ? un marché africain en croissance de 20 % par an grâce aux infrastructures et aux mines.
« L’Afrique va connaître une croissance jamais observée depuis vingt-cinq ans », assure Tony Helsham, président de Volvo Construction Equipment (Volvo CE). Il table sur 20 % de croissance annuelle, tirée par les besoins du secteur minier et les grands programmes de travaux publics. Le groupe suédois est le seul constructeur d’automobiles qui soit en même temps présent dans ce domaine très particulier des engins de chantier, où les ventes se montent à quelques milliers d’engins à plusieurs centaines de milliers de dollars par an. Deux de ses concurrents se partagent jusqu’à présent l’essentiel du marché africain, l’américain Caterpillar (45 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans le monde en 2007) et le japonais Komatsu (18 milliards). Quasiment absent d’Afrique jusqu’en 2000, Volvo CE (5 milliards de dollars de chiffre d’affaires) y a vendu 1 500 unités l’année dernière et table sur 2 000 cette année.
« Près de 70 % des ventes sont à destination du secteur minier », explique Morné Booij-Liewes, responsable commercial. Babcock Equipment distribue ses produits dans les principaux pays d’Afrique australe et de l’Est, et Volvo veut maintenant renforcer son réseau au Maghreb et en Afrique centrale et de l’Ouest. Une urgence s’il veut tirer parti des projets miniers en Guinée, au Sénégal ou en Mauritanie. Et un défi face à des réseaux de distribution bien établis, comme ceux du français JADelmas, qui représente Caterpillar dans douze pays ouest-africains, et du marocain Tractafric Equipment, filiale de l’ONA, qui a vendu 800 machines et réalisé un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros (370 millions de dollars) en 2007. En Algérie, deuxième marché du continent après l’Afrique du Sud, il faudra surtout affronter Komatsu, qui s’attribue 50 % du marché. Volvo a signé un accord de représentation avec la Compagnie générale des équipements de travaux publics (Cogetp, filiale de Cevital).
Un Chinois casse les prix
En parallèle, le groupe suédois a multiplié les acquisitions pour élargir son catalogue, qui comprend aujourd’hui plus de 150 modèles. Il fête cette année les 10 ans du rachat de la division « équipement de construction » du sud-coréen Samsung. 2007 a encore vu l’absorption de la division « route » de l’américain Ingersoll Rand et celle du chinois Lingong. Celui-ci pourrait bien être l’atout africain de Volvo : il continue de commercialiser des équipements sous sa propre marque, SDLG. Une production destinée au marché intérieur, mais aussi à l’exportation, où Lingong, donc Volvo, vise une clientèle à la recherche de machines moins chères. Un créneau low cost déjà occupé par Sany, un autre chinois, présent au Sénégal depuis 2006 et maintenant au Mali.
Reste un point à régler : combler la pénurie de conducteurs et de mécaniciens capables d’assurer la maintenance des véhicules du constructeur suédois. Mieux connu, Caterpillar garde dans ce domaine une longueur d’avance, notamment grâce à son réseau, qui assure formation et service après-vente. « Le manque de compétences techniques est un frein que nous avons identifié et sur lequel nous menons une réflexion », reconnaît Johan Haglund, directeur régional Afrique de Volvo CE. Des projets d’« académie Volvo » feraient partie des solutions envisagées par le groupe suédois.
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