Ô vieillesse ennemie !

L’espérance de vie ne cesse d’augmenter, tandis que le taux de natalité s’effondre. Un vrai séisme socio-économique.

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Avec 21 % de plus de 65 ans, la population de l’archipel nippon est la plus âgée au monde (la moyenne internationale est de 7 %, celle de l’Afrique de 3 %). Conséquence des immenses progrès socio-économiques de ce pays, l’espérance de vie ne cesse d’augmenter : 86 ans pour les femmes, 79 ans pour les hommes. En septembre 2007, on recensait pas moins de 32 000 centenaires. Le hic, c’est que les Japonaises ne veulent plus faire d’enfants. Par rejet de la société patriarcale, mais aussi faute de structures d’accueil pour leurs rejetons lorsqu’elles désirent travailler.
Depuis 1975, année où il est passé en dessous de 2 enfants par femme, l’indice de fécondité baisse régulièrement. Il est aujourd’hui de 1,26 (contre 2,1 aux États-Unis et 2,0 en France). En 2005, fait unique dans l’histoire des grandes nations modernes, la population a commencé à décroître. À ce rythme, de 127,7 millions de personnes à la mi-2007, elle tombera à 100 millions en 2050 puis à 65 millions en 2100.
Le vieillissement de la population menace les fondements de la société et hypothèque le devenir économique de l’archipel. La question des retraites est un enjeu politique majeur. En 2004, les déficits des différents régimes atteignaient 650 000 milliards de yens (4 170 milliards d’euros), presque une fois et demie le produit intérieur brut. Un relèvement progressif des cotisations a été décidé, tandis que le montant des pensions va diminuer (de 59 % du salaire actuellement à 50 % en 2023).

Le salut par l’immigration
Autre problème, l’épargne. Ici comme ailleurs, une fois retirées de la vie professionnelle, les personnes âgées ont tendance à puiser dans leurs économies pour maintenir leur niveau de vie. À quoi s’ajoute la multiplication des emplois précaires, un phénomène qui frappe les jeunes de plein fouet. Les revenus des 11,5 millions de personnes concernées (25 % de la population active) ne leur permettent pas de mettre de l’argent de côté. En 2007, le taux d’épargne des ménages nippons est tombé à 3,2 % du revenu (contre 23 % en 1975), soit le taux le plus bas au monde après les États-Unis, où il est négatif.
Une des solutions est de favoriser l’emploi des seniors. Sur ce plan, le Japon fait bonne figure, puisque l’âge médian de retrait effectif du marché du travail est de 68 ans. Mais l’avenir du pays repose avant tout sur l’immigration. Sauf que le Japon, attaché au droit du sang, est jusqu’ici extrêmement replié sur lui-même. Les travailleurs étrangers (Coréens, Chinois, Philippins essentiellement) ne représentent que 1 % de la population active. La pénurie de main-d’oeuvre contraint le pays à ouvrir ses frontières en signant des accords avec les pays de la région. Quelque 75 000 étrangers s’installeront chaque année dans l’archipel à partir de 2025. En 2050, leur nombre atteindra 2,6 millions. Ils représenteront alors 6,5 % de la population active.

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