Centrafrique : une commission d’enquête dénonce les abus des sociétés minières chinoises
« Désastre écologique », « fleuve pollué », « santé publique menacée » : une commission d’enquête parlementaire en Centrafrique recommande l’arrêt de l’exploitation de mines d’or par quatre sociétés chinoises dans le nord du pays, dans un rapport rendu public samedi 13 juillet.
« L’exploitation de l’or par les entreprises chinoises à Bozoum n’est pas rentable pour l’État et préjudiciable pour la population et l’environnement », estiment les membres de la commission parlementaire, en conclusion d’une enquête de terrain menée dans les environs de cette ville du nord de la République centrafricaine. Les entreprises chinoises concernées sont les sociétés Tian Roun, Tian Xiang, smc Mao et Meng.
« Le désastre écologique constaté sur le terrain est de nature à justifier l’arrêt immédiat sans condition de ces exploitations », poursuivent les auteurs.
La commission d’enquête s’est rendue à Bozoum du 6 au 10 juin pour répondre aux « multiples plaintes de la population ». Sur place, les députés ont constaté une pollution de l’eau du fleuve Ouham, dévié de son lit par les sociétés minières, et la disparition des espèces aquatiques.
Au sein des populations riveraines, « les cas d’avortement sont en augmentation depuis la pollution », affirment les députés, qui notent également la multiplication des décès dans les villages de pêcheurs et les difficultés d’accès à une eau propre à la consommation.
Par ailleurs, la commission d’enquête soupçonne des irrégularités dans les comptes présentés aux autorités par les sociétés minières. « L’exploitation moyenne est d’environ 400 grammes à 1kg par site et par mois. Cette situation semble inacceptable au regard des coûts de production journalière », estiment les auteurs du rapport.
« Le mode d’exploitation utilisé s’apparente à un bradage de nos ressources, avec la complicité de certains responsables du Ministère des mines », accuse le rapport.
Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre, qui a forcé près d’un quart des 4,5 millions d’habitants à fuir leur domicile. L’exploitation de ces ressources est difficile à contrôler dans ce pays où l’État n’a la main que sur une maigre partie du territoire national.
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