Premiers pas cauchemardesques pour Souaré

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Le baptême du feu – dans tous les sens du terme – d’Ahmed Tidiane Souaré, le nouveau Premier ministre guinéen, est décidément mouvementé. Dès le 23 mai, trois jours après son installation à la primature en remplacement de Lansana Kouyaté, il a dû faire face à une mutinerie dans les casernes (voir J.A. n° 2473). Et puis, le 16 juin, militaires et policiers se sont durement affrontés dans les rues de Conakry. Bilan, selon des sources concordantes : deux morts chez les premiers, au moins dix chez les seconds.
Ce sont les assauts répétés lancés par les hommes du sous-lieutenant Claude Pivi, alias Coplan, contre les locaux de la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS), de la Brigade spéciale d’intervention de la police (BSIP) et de plusieurs commissariats de la capitale qui ont mis le feu aux poudres. Le désormais ex-chef rebelle aurait, dit-on, reçu des ordres « venant de très haut et sans doute du chef de l’État ». L’objectif était de contenir le mouvement de grève des policiers, qui exigent augmentations de salaires et promotions. Et, comme un malheur ne vient jamais seul, douaniers et enseignants sont à leur tour entrés dans la danse des revendications, compromettant la tenue des examens de fin d’année.
À l’exception d’un appel lancé le 27 mai aux soldats rebelles, Souaré ne s’est pratiquement pas exprimé pendant ces crises à répétition. Officiellement bouclées depuis le 7 juin, les consultations en vue de la formation d’un gouvernement de large ouverture ne sont toujours pas achevées. On sait que la nouvelle équipe comptera trente-trois membres, contre dix-neuf dans la précédente, mais l’annonce de sa composition est remise de jour en jour. Du coup, l’anarchie menace.
Soumis à la pression des anciens barons du régime, convaincus que la chute de Kouyaté marque leur retour aux affaires, Souaré n’a semble-t-il qu’une marge de manÂÂÂuvre très réduite. Parmi les dossiers brûlants dont il hérite figure aussi, évidemment, celui des élections législatives. Celles-ci devaient avoir lieu en novembre, mais seront « très certainement reportées », estime un proche du pouvoir. Pourquoi ? « Parce que les conditions matérielles de la tenue du scrutin ne sont pas réunies. L’autorité de l’État doit être préalablement restaurée. Or le nombre insuffisant des policiers à l’intérieur du pays ne permet pas de garantir la sécurité des citoyens en cas de troubles. »

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