Mbeki, le fils prodigue
Publié le 23 juin 2008 Lecture : 1 minute.
– Nelson Mandela eut l’extrême intelligence de comprendre que l’Histoire ne lui pardonnerait pas de gaspiller les générosités du destin. Après la fin de l’apartheid, il usa de son immense crédit à persuader les siens qu’il fallait façonner l’avenir, et non demander des comptes au passé. Puis, au bout de cinq ans, sentant la pesanteur de l’âge et les effets de sa longue détention, le leader vieillissant jugea opportun de passer le relais à plus jeune que lui.
Malheureusement, son successeur, Thabo Mbeki, ne possédait que des qualités d’intendant. Ajoutez à cela une nature profondément dogmatique et vous comprenez l’origine des tristes événements des dernières semaines. En effet, pour Mbeki :
– le virus VIH n’est qu’un sournois complot des Blancs contre les Noirs ;
– les condamnations occidentales des excès de son ami et voisin Robert Mugabe sont une forme de néocolonialisme, et il n’a pas pris la mesure exacte du danger que la crise zimbabwéenne représente pour l’économie sud-africaine ;
– le libre marché est un horizon économique indépassable : il se félicite d’une croissance moyenne de 5 % par an et ne retient, pour preuve de sa réussite, que les quelques nouvelles fortunes créées.
En somme, la grande faute de Thabo Mbeki est d’avoir, en moins d’une décennie, dilapidé l’héritage de Mandela. Il existe un prix au statut de modèle. Si l’on dédaigne d’y verser les ressources adéquates, les attentes qu’il crée finissent par fragiliser l’édifice. L’incurie du gouvernement Mbeki a ainsi dressé la table pour les démagogues. Ils s’agitent déjà, leur sourire carnassier tourné vers les échéances électorales de 2009.
Bref, il ne nous reste plus qu’à reprendre en choeur la prière des anciens combattants : « Nkosi Sikele’l Afrika ! », « Que Dieu bénisse l’Afrique ! » Ce sera, je le crains, l’unique remède possible contre le mal.
Guy V. Amou, membre du CA de Force Leadership Africain (FLA), Montréal, Canada
