Le sacre de l’Afrique

La création contemporaine du continent est en vogue en France. Entre Montpellier et Paris, une dizaine de spectacles sont actuellement présentés au public.

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Rokia Traoré, Didier Awadi, Mounira Mitchala, Asa, Angélique Kidjo les musiciens du continent sillonnent actuellement les routes de l’Hexagone. Les chorégraphes et danseurs également. L’un des plus importants festivals, Montpellier danse, accueille, du 22 juin au 5 juillet, quelques-unes des figures de proue de la création contemporaine ainsi que les jeunes talents primés lors des Rencontres chorégraphiques d’Afrique et de l’océan Indien, à Tunis, en mai dernier (voir J.A. n° 2470).
Les Burkinabè Salia Sanou et Seydou Boro présentent, les 23 et 24 juin, Poussières de sang. Avec huit danseurs et cinq musiciens sur scène, cette pièce montre des corps épuisés par la vie. Un travail qui a pris forme au sein de « la Termitière », le centre chorégraphique qu’ils dirigent à Ouagadougou.
Autre figure du renouveau chorégraphique, Kettly Noël, une Haïtienne installée à Bamako, se produira le 28 juin avec Chez Rosette, une pièce qu’elle présentera ensuite du 1er au 5 juillet à Paris dans le cadre d’Afrique(s), un événement exceptionnel qui proposera à la Grande Halle de La Villette, du 24 juin au 12 juillet, une programmation dédiée à la danse et à la musique du continent.
Chez Rosette, c’est un « maquis » où se croisent dix personnages entre rires et larmes. La kora rencontre la musique électronique. La danse, le cirque. Un mélange des genres que l’on doit notamment au Congolais Dieudonné Niangouna, qui signe la dramaturgie de cette pièce.

Entre le nord et le sud
Homme de théâtre, Niangouna a également écrit avec le Sénégalais Boubacar Boris Diop et le Français Hubert Volas les textes de 2147, l’Afrique, que le public parisien pourra découvrir du 24 au 28 juin. « C’est de cette pièce qu’est née l’idée d’Afrique(s), explique Frédéric Mazelly, directeur artistique. Tout est parti d’une déclaration de Mark Malloch Brown, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), prononcée en juin 2004 : ÂSi rien n’est fait, avait-il affirmé, l’Afrique n’atteindra pas l’objectif de réduction de moitié de la pauvreté avant 2147. »
2147, une date « issue de la statistique, ridicule par sa précision administrative », commentent Moïse Touré et Jean-Claude Gallotta. Frappés par ce cynisme qu’ils décident de mettre en scène, ils partent, de juin 2005 à janvier 2006, à la rencontre des danseurs et comédiens de l’École des sables de Dakar et de l’Institut national des arts du Mali à Bamako, où ils croisent Rokia Traoré, qui composera par la suite la musique de la pièce. À elle seule, cette création témoigne de ce que La Villette souhaitait valoriser : une rencontre artistique entre le Sud et le Nord.
Dans la même ligne, il était évident pour Frédéric Mazelly de programmer Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, monument de la culture occidentale, revisité par le Franco-Algérien Heddy Maalem et qui vient d’être présenté à New York du 10 au 15 juin. Créée en 2003, cette mise en scène, qui troque académisme russe contre tradition africaine, associe quatorze danseurs du Mali, du Bénin, du Nigeria, du Sénégal et de Guadeloupe. Et est accueillie partout avec le même enthousiasme. Les lauréats de Tunis seront également de la fête. Et, pour attirer un public peu familier des théâtres, La Villette a eu l’heureuse idée de proposer trois concerts. Mory Kanté, Salif Keïta et Didier Awadi se produiront respectivement les 29 juin, 3 et 12 juillet. Indéniablement, La Villette a vu grand.

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Montpellier Danse, du 22 juin au 5 juillet, rens. sur www.montpellierdanse.com
Afrique(s), Grande Halle de La Villette à Paris, du 24 juin au 12 juillet, rens. sur www.villette.com

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