Guerre au Yémen : « Arrêter de vendre des armes à l’Arabie et aux Émirats serait un début de solution »

L’ONG yéménite Mwatana for Human Rights a présenté mardi à Paris son rapport annuel sur les violations du droit humanitaire dans le conflit en cours au Yémen. L’association réclame des décisions internationales pour condamner les atrocités commises par les deux camps, mais refuse de parler de guerre « par procuration ».

Un homme constate les dégâts causés par un bombardement de la coalition sur la capitale yéménite, Sanaa, le 16 mai 2019. © Hani Mohammed/AP/SIPA

Un homme constate les dégâts causés par un bombardement de la coalition sur la capitale yéménite, Sanaa, le 16 mai 2019. © Hani Mohammed/AP/SIPA

Arianna Poletti

Publié le 17 juillet 2019 Lecture : 5 minutes.

Pour la présentation de son rapport annuel, l’organisation indépendante yéménite Mwatana for Human Rights, dirigée par la défenseure des droits humains Radhya Al Mutawakel, qui documente depuis des années les violations du droit international et les abus commis au Yémen sur la population civile, a choisi Paris. Une façon assumée de dénoncer la vente d’armes françaises à l’Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, directement impliqués dans ce que l’ONU qualifie de « pire catastrophe humanitaire au monde ».

En 2018, l’organisation a mené, dans 20 gouvernorats du pays, 2 065 entretiens avec des victimes, des témoins oculaires ainsi que des représentants du personnel médical et humanitaire (exclusivement des civils). Alors que le Yémen entre dans sa cinquième année de guerre, elle demande l’établissement d’une commission d’enquête internationale pour que ces violations ne restent pas impunies.

La directrice juridique de l’association, Kristine Beckerle, rappelle à Jeune Afrique l’urgence de trouver une solution alors que les tensions ont redoublé ces dernières semaines dans le Golfe. Selon elle, la communauté internationale doit redéfinir au plus vite ses « priorités ».

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous décidé de présenter votre rapport annuel à Paris ?

Kristine Beckerle : Nous avons choisi de venir à Paris parce que la guerre au Yémen va au-delà des parties impliquées directement. Il y a des pays étrangers qui, par la vente d’armes à la coalition saoudo-émiratie ou par d’autres formes de soutien, contribuent au maintien de cette guerre. La France pourrait jouer un rôle positif au Yémen, en tant de pays qui a des contacts avec tous les acteurs. Pourtant, aucun pas dans ce sens n’a été fait.

Nous espérons que la France choisira de redéfinir ses priorités au Yémen, où les violations de la coalition vont bien au delà des frappes aériennes

Arrêter de vendre des armes aux Saoudiens et aux Émiratis, ainsi que supporter des initiatives pour la paix, peuvent représenter un premier pas. Nous espérons que la France choisira de redéfinir ses priorités au Yémen, où les violations de la coalition vont bien au delà des frappes aériennes. Au fur et à mesure que cette guerre se poursuit, il devient de plus en plus compliqué de reconstruire le pays.

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