Afrique du Sud : après la mort du musicien Johnny Clegg, les hommages au « Zoulou blanc » se multiplient
Il avait révolutionné la musique en mêlant rythmes zoulou et pop occidentale : le chanteur sud-africain Johnny Clegg, fervent opposant à l’apartheid, est mort mardi 16 juillet à l’âge de 66 ans.
« Johnny est décédé paisiblement, entouré de sa famille à Johannesburg (…), après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer », a annoncé son manager Roddy Quin sur la chaîne de télévision publique SABC.
« Il nous a montré ce que cela signifiait d’embrasser d’autres cultures sans perdre son identité (…). Avec son style unique de musique, il a surmonté les barrières culturelles, comme peu l’ont fait », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Chansons et danses zoulou effrénées
Surnommé le « Zoulou blanc », Johnny Clegg a puisé dans la culture zoulou son inspiration pour écrire une musique révolutionnaire où les rythmes africains endiablés cohabitaient avec guitare, clavier électrique et accordéon.
Sur scène, ses concerts relevaient de la prouesse physique, avec chansons et danses zoulou effrénées.
Fervent opposant à l’apartheid
L’artiste, qui a vendu plus de cinq millions d’albums dans le monde, a signé de nombreux tubes dont « Scatterlings of Africa » et « Asimbonanga » (« Nous ne l’avons pas vu », en langue zoulou).
Cette chanson, dédiée à Nelson Mandela, le héros de la lutte contre l’apartheid, a été un temps interdite en Afrique du Sud par le gouvernement raciste blanc, avant de devenir un symbole de la nation arc-en-ciel une fois le régime de l’apartheid tombé en 1994.
« Une perte immense »
Johnny Clegg était le « porte-flambeau » de la lutte contre l’apartheid, a réagi mardi le ministre sud-africain de la Culture, Nathi Mthethwa, sur Twitter. « Avec le décès du chanteur, compositeur et anthropologue Johnny Clegg, c’est un géant immense qui nous quitte ».
Sa musique a « contribué à la cohésion sociale » dans une Afrique du Sud divisée, a encore relevé le gouvernement.
Artiste de « légende », Johnny Clegg a « utilisé la musique pour unir les gens de différentes races » et a « inspiré le changement social, économique, culturel et politique dans le pays », a estimé le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir. « Son décès est une perte immense pour les Sud-Africains. »
« Peu de Blancs auraient fait de même »
Le Soweto Gospel Choir, qui a remporté un Grammy cette année, s’est dit « dévasté » par la nouvelle. « Une icône de la musique et un vrai Sud-Africain. Il va nous manquer. »
« C’est probablement l’un des jours les plus tristes de ce pays », a déclaré pour sa part le musicien Sipho « Hotstix », musicien et ami de Johnny Clegg. « Johnny aurait pu être l’une des personnes les plus privilégiées, comme la plupart des Blancs l’étaient (en Afrique du Sud), mais il a choisi une autre voie, dénonçant avec la musique les atrocités de l’apartheid », a-t-il rappelé.
« Il a immensément contribué à faire de l’Afrique du Sud un État paria » pendant l’apartheid, « il a pris sur lui pour chanter Nelson Mandela quand peu de Blancs auraient fait de même. Aujourd’hui nous sommes un pays différent grâce à ce que des gens comme Johnny ont fait », a-t-il estimé.
Se sachant malade d’un cancer du pancréas, Johnny Clegg avait récemment fait une longue tournée mondiale d’adieu. « Il s’est battu jusqu’au bout », a expliqué son manager. Les détails de ses obsèques seront communiqués ultérieurement.
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