Jean Ping au pied du mur

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

À peine a-t-il endossé ses habits de nouveau président de la Commission de l’Union africaine (UA) que le diplomate gabonais Jean Ping, 66 ans, a été confronté à la crise zimbabwéenne. C’est à l’issue de la cérémonie de passation de pouvoirs, le 28 avril 2008, avec son prédécesseur, le Malien Alpha Oumar Konaré, que Jean Ping a été chargé par le président tanzanien, Jakaya Kikwete, président en exercice de l’UA, d’une mission d’évaluation sur la situation de blocage née des élections générales au Zimbabwe. En compagnie de la Gambienne Julia Dolly Joiner, commissaire aux Affaires politiques, et de l’Algérien Ramtane Lamamra, commissaire à la Paix et à la Sécurité, il a effectué, du 3 au 6 mai, un périple en Afrique australe pour y rencontrer le Sud-Africain Thabo Mbeki, modérateur de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), qui lui a fait un rapport circonstancié. Cette rencontre a servi à consolider le rôle de Thabo Mbeki et à lui conférer le statut de médiateur au nom de l’UA.
Après une escale à Lusaka pour y rencontrer le chef de l’État zambien, Levy Mwanawasa, président en exercice de la SADC, Jean Ping s’est rendu le 5 mai à Harare, où il a été reçu par Robert Mugabe. À l’issue d’une visite à la Commission électorale zimbab­wéenne (ZEC) et après avoir entendu les éclaircissements de son président, Justice George Chiweshe, l’UA a pris acte des résultats de la présidentielle, proclamés par la ZEC, selon lesquels le candidat de l’opposition, Morgan Tsvangirai, est arrivé en tête du premier tour en réunissant 47,9 % des suffrages exprimés, contre 43,2 % pour le président sortant. Jean Ping a assuré que « l’UA, fidèle aux principes énoncés dans son acte constitutif, jouera un rôle actif dans l’observation effective du second tour pour fournir un jugement indépendant sur les résultats ».

A huis clos
Au cours de son séjour zimbabwéen, Jean Ping n’a pas eu l’occasion de rencontrer Morgan Tsvangirai, en déplacement en Europe, mais il a pu s’entretenir avec d’autres acteurs de la vie politique locale. Il les a exhortés à agir « de manière libre, transparente et non violente en vue de permettre aux électeurs zimbabwéens d’exercer leurs droits démocratiques ». Pouvait-il faire plus qu’énoncer des principes et annoncer l’envoi d’observateurs pour le second tour ?
Robert Mugabe avait certes affirmé auparavant que, lui vivant, « l’opposition n’accédera jamais au pouvoir », mais aucune intention de refuser à l’avance une éventuelle alternance n’avait été annoncée par le pouvoir. Désormais, c’est fait, et ni l’UA ni le médiateur sud-africain n’ont réagi. Attendent-ils le sommet de Charm el-Cheikh pour se faire entendre ? L’ordre du jour de la Conférence des chefs d’État, qui se tiendra au lendemain du second tour de la présidentielle, ne contient aucun point consacré à la crise au Zimbabwe. Mais il est certain qu’il se trouvera des chefs de délégation pour soulever cette question quand le sommet abordera les points « Divers », lors de la séance à huis clos.
Qu’il soit présent ou non, Robert Mugabe pourra compter sur quelques chefs d’État pour le soutenir. Parmi lesquels ceux qui tiennent en sainte horreur les élections. Mouammar Kadhafi, par exemple.

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