Crise de l’énergie : faire confiance au marché

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Pour trouver les bonnes solutions aux grands problèmes du moment, qu’il s’agisse de la sécurité énergétique ou du changement climatique, il faut en finir avec un certain nombre de mythes.

Premier mythe : la flambée des prix est due à des facteurs techniques comme la spéculation. Faux. Ces facteurs ne jouent qu’un rôle marginal, la flambée des prix découle de fondamentaux économiques. En 2007, dopée par la croissance économique, l’augmentation de la demande en énergie a été supérieure à la moyenne pour la cinquième année consécutive. Elle s’est concentrée dans les pays émergents : Chine, Inde et, de plus en plus, pays producteurs de pétrole eux-mêmes.
L’offre a du mal à suivre. La production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a diminué l’an dernier de 350 000 barils/jour. La situation est encore plus préoccupante dans les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), où nombre de gisements s’épuisent rapidement. En 2007, au Royaume-Uni, la production de gaz de la mer du Nord a enregistré la plus forte baisse mondiale pour la seconde année consécutive (- 10 %). La production de pétrole a certes augmenté très légèrement en raison de la mise en exploitation d’un nouveau gisement, mais la tendance générale reste orientée à la baisse.
La dernière fois que les cours de pétrole avaient progressé dans de telles proportions, c’était il y a trente ans. L’arrivée de la production de la mer du Nord avait contribué à les faire baisser. Cette fois, un surcroît de la production de l’OCDE ne pourra venir que de gisements difficiles d’accès (sables bitumeux du Canada, Arctique, eaux profondes du golfe du Mexique). Autre élément inquiétant : le ralentissement de la production russe. Car, depuis plusieurs années, la demande croissante de la Chine et de l’Inde est presque intégralement satisfaite par l’augmentation des livraisons de la Russie. Pour les grandes compagnies pétrolières, l’accès aux ressources est de plus en plus compliqué en raison de la flambée de nationalisme dont la plupart des pays concernés sont le théâtre. Or seules les majors disposent de la technologie indispensable à la mise en production de gisements d’accès difficile.

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Deuxième mythe : la pénurie d’hydrocarbures est inéluctable. Faux. Avec plus de quarante ans de réserves prouvées de pétrole, soixante ans de gaz naturel et cent trente ans de charbon, les ressources restent abondantes. Les difficultés qui s’opposent à une augmentation de la production ne sont pas géologiques, mais politiques.

Troisième mythe : le passage À une économie consommant peu de carbone est possible à échéance relativement proche. Faux. Les biocarburants, de même que l’énergie éolienne et solaire, progressent rapidement, mais ils ne représentent qu’une toute petite partie – moins de 2 % – de la production mondiale d’énergie. L’humanité restant dépendante des combustibles fossiles, les émissions de gaz carbonique vont continuer d’augmenter. Pour écarter la menace du changement climatique, il nous faudra tous faire de gros efforts.

Comment satisfaire les besoins en énergie au XXIe siècle ? À l’évidence, quand on laisse faire les marchés, ils fonctionnent. Et c’est un motif d’espoir pour l’avenir. Déjà, les consommateurs d’Europe et d’Amérique du Nord réagissent à la flambée des prix en modérant leur consommation et en commençant à prendre en compte l’efficacité énergétique. Là où l’investissement est autorisé, la production répond positivement. Celle de pétrole a augmenté l’an dernier aux États-Unis, pour la première fois depuis 1991.
La conclusion est simple. Producteurs et consommateurs doivent être encouragés à répondre aux signaux du marché. La flambée des prix prouve la nécessité d’investir davantage pour accroître l’efficacité énergétique, découvrir de nouvelles technologies, utiliser de nouvelles sources d’énergie Pour cela, entreprises et gouvernements doivent unir leurs efforts. Convaincues de la nécessité d’accroître leurs investissements, les majors procèdent à d’importantes augmentations de capital. Mais les gouvernements doivent eux aussi mettre la main à la pâte en éliminant les freins à l’investissement, en améliorant l’accès aux ressources et en modernisant les systèmes fiscaux.

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