Écouter et soigner

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Pour éradiquer un mal, il faut en connaître les origines et en mesurer l’étendue avec précision. Sinon, on intervient dans le flou, on arrondit les angles et le mal perdure plus ou moins, au risque de s’aggraver et de provoquer un débordement incontrôlé. La Tunisie l’a bien compris et applique ce principe dans le cadre de sa politique de développement régional. Depuis le premier coup de bulldozer dans les taudis en 1965, la lutte contre la misère et la bataille du développement ne font qu’un. Le Nord et tout le littoral du pays étaient puissants grâce à leurs terres agricoles (céréales, oliviers), leurs industries et leurs services (tourisme, ports, banques) ; le Sud-Ouest et le Centre-Ouest étaient, eux, bien pourvus en pétrole et en phosphates. L’État, en grand architecte, assurait la péréquation entre riches et pauvres, en faisant des transferts sociaux (éducation, santé, eau, électricité). Et les subventions des denrées alimentaires de base (surtout sur le pain et les pâtes) continuent de profiter à tout le monde.
Après cinquante ans (1958-2008), on peut dire que le développement a réussi l’essentiel : désenclaver l’intérieur du pays par les infrastructures (routes, eau, électricité, écoles, universités). Le raccordement des villes et les villages les plus reculés au courant électrique, aux télécommunications, à l’eau et à l’assainissement est aujourd’hui réalisé à plus de 95 %. Mais cela ne résout pas tous les problèmes. Cela en crée même, parfois, de nouveaux. Car l’amélioration du niveau de vie est une quête perpétuelle. Et l’on veut toujours plus.
Face à la montée de ce qui est perçu comme des injustices, en particulier le chômage (quand, sans relations « utiles », trouver un emploi devient un calvaire) ou l’augmentation exponentielle des prix (lait, essence, santé, logement et transport), il est normal que des gens craquent et que les régions les moins développées protestent à voix haute, comme c’est le cas depuis janvier 2008 dans les zones minières de Gafsa, de Métlaoui et de Redeyef. Les retombées de la hausse des prix des phosphates (la Compagnie de Gafsa réalise d’importants bénéfices) n’ont pas été suffisamment répercutées, en termes de revenus et d’emplois, au profit des populations locales, qui souffrent de la pollution et ne sont pas écoutées.
Écouter et soigner. Car le mal est profond. Plusieurs régions de l’intérieur se dépeuplent. La croissance démographique y est inférieure à 1 %, deux ou trois fois moins que sur le littoral. Mais leur contribution à la prospérité générale du pays gagne à être connue – et mieux appréciée – en termes de croissance économique et de valeur ajoutée. Ce « Plus » y aidera un tant soit peu.

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