Charm el-Cheikh, drôle d’endroit pour un sommet

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Une fois n’est pas coutume, c’est dans un authentique décor de carte postale que se sont donné rendez-vous les représentants des 53 pays de l’Union africaine. C’est en effet à Charm el-Cheikh, au coeur de la plus célèbre station balnéaire de la mer Rouge, que se déroulera, les 30 juin et 1er juillet, le 11e sommet de l’organisation continentale. Pour l’Égypte, puissance invitante, c’était dans l’ordre des choses : la ville, qui a connu un développement extraordinaire depuis la restitution du Sinaï par Israël, compte moins de 10 000 d’habitants mais possède, avec notamment ses 150 hôtels de luxe et son centre de conférences international, des infrastructures dignes des plus grandes capitales. Et cet ancien village de pêcheurs coincé entre la mer, le désert et la montagne est théoriquement beaucoup plus facile à sécuriser qu’une mégalopole comme Le Caire, avec ses 14 millions de personnes.
Un choix logique, donc. Mais est-il de bon augure ? Pour beaucoup de touristes, Charm el-Cheikh reste associé à la terrible catastrophe aérienne du 3 janvier 2004. Ce jour-là, un Boeing 737 de la compagnie charter Flash Airlines en partance pour Paris s’était abîmé en mer peu après le décollage. Les 148 passagers et membres d’équipage avaient trouvé la mort. Dix-huit mois plus tard, et sans que les deux événements aient un quelconque rapport, une série d’explosions secouait la ville, dans la nuit du 22 au 23 juillet 2005, faisant 70 morts. Les attentats, revendiqués par Al-Qaïda, ont finalement été imputés à un mystérieux groupe de Bédouins également responsables des attaques de Taba (34 morts), en octobre 2004, et de Dahab (18 morts), en avril 2006.
Une chose est sûre : en décidant d’inviter ses pairs africains à Charm el-Cheikh, Hosni Moubarak montre qu’il n’est pas superstitieux. La capitale du Sinaï a été le théâtre d’un nombre impressionnant de conférences internationales, qui se sont presque toutes soldées par des fiascos. Le 13 mars 1996, le premier « sommet mondial contre le terrorisme » réunissait Bill Clinton, Shimon Pérès, Yasser Arafat, Jacques Chirac et le roi Hussein de Jordanie. Quelques semaines plus tard, Pérès, « victime » des attaques répétées du Hamas, perdait les législatives et était balayé par Benyamin Netanyahou. Le 17 octobre 2000, un « sommet de la dernière chance » pour la paix au Proche-Orient était convoqué à la hâte autour de Clinton, Moubarak, Ehoud Barak et Yasser Arafat, alors que la seconde Intifada venait d’éclater. Sans résultats.
Et c’est encore à Charm el-Cheikh que George Bush avait choisi, le 3 juin 2003, de donner rendez-vous aux dirigeants arabes « modérés » d’Égypte, d’Arabie saoudite, de Jordanie et du Bahreïn, ainsi qu’au Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour qu’ils confirment leur adhésion à la « feuille de route » censée régler le conflit israélo-palestinien. Le président américain avait promis le démantèlement des colonies et la création, d’ici à 2005, d’un État palestinien viable et d’un seul tenant. On sait ce qu’il est advenuÂÂ

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