Charles Kader Gooré

Avec la reprise d’Ivoire Logisitique et du producteur de chocolat Chocodi, son groupe prend une nouvelle dimension dans le paysage économique ivoirien.

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

En quelques semaines, il a concrétisé l’acquisition de deux filiales en Côte d’Ivoire de groupes internationaux. En commençant par Chocodi, reprise au groupe suisse Barry Callebaut, leader mondial de la fabrication de chocolat. Un pari à 16 milliards de F CFA (24 millions d’euros), dont 11 milliards d’investissement pour doubler la capacité de production de l’usine dès cette année. Dix jours plus tard, le 8 juin, vient l’annonce de l’acquisition d’Ivoire Logistique au belge Sea Invest. Un homme d’affaires de 39 ans, Charles Kader Gooré, et son groupe d’investissement créé en 2004, CKG Holding, changent de dimension dans le paysage économique ivoirien.
Ils y sont en réalité depuis le début du siècle, emploient près de 6 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 55 milliards de F CFA en 2007. « Nous visons les 70 milliards de F CFA en 2008 », affirme le jeune PDG, tout sourires. Avenant et dynamique, il ne s’embarrasse pas de phrases complexes. Ni de costumes hors de prix, préférant le style décontracté. « Il y a eu une première génération d’hommes d’affaires en Côte d’Ivoire. Je fais partie de ceux qui reprennent le flambeau. » Et il répond à toutes les questions, y compris sur la provenance des fonds qui lui ont permis de créer sa première entreprise : « Je fais fructifier l’argent de l’entreprise familiale de négoce et de BTP. » Héritier choisi parmi sept frères et soeurs ? Il refuse l’appellation : « Je suis un bâtisseur. »
Son histoire débute en 2001, quand il lance Sogesi, une société d’électrification rurale et de construction de logements. L’homme revient de France, où il a d’abord fait ses armes pour le compte d’une société canadienne d’ingénierie, qui le charge de dossiers d’irrigation en Côte d’Ivoire et au Rwanda. En 1994, il est consultant dans le transport et le BTP et crée une société de négoce dans le café, le cacao et les engrais, en liaison pour ces derniers avec le groupe Norsk Hydro Gooré prend alors une participation dans leur filiale ivoirienne. En 2003, Norsk Hydro se sépare de l’activité, qui prend le nom de Yara. En 2007, CKG Holding acquiert 70 % de Yara West Africa, qui opère la plus grosse usine d’engrais de la sous-région.
CKG Holding comprend aujourd’hui huit filiales dans l’agroalimentaire, le recouvrement, le négoce et la commercialisation, le dépannage, la gestion immobilière, la sécurité privée et le transfert de fonds. Ces deux dernières activités sont réunies au sein d’Omeifra, leader du marché avec 4 000 employés pour un chiffre d’affaires de 3 milliards de F CFA. Au total, un ensemble hétéroclite dont son fondateur ne rougit pas : « Tout cela résulte de négociations qui ont duré plusieurs années. J’ai voulu saisir les opportunités quand elles se présentaient. Toutes ces sociétés sont actives sur des secteurs très porteurs. » Jusqu’où ira-t-il ? « Mon objectif est de construire un grand groupe en mesure de rivaliser sur les marchés africains avec les multinationales. Pour y parvenir, je continuerai ma politique de prise de participation et d’acquisition des entreprises. »
Bien sûr, une telle ascension ne s’effectue pas sans susciter de critiques. L’entrepreneur fait souvent l’objet d’attaques personnelles, ayant pour origine quelques démêlés avec la justice ivoirienne résultant de brouilles avec certains de ses associés. Il bénéficierait également d’appuis bien placés au sommet de l’État. Il est vrai qu’il est directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo à Sinfra, près de Yamoussoukro, sa ville natale, et qu’il milite au Front populaire ivoirien (FPI). « Il ne faut pas tout mélanger. C’est un engagement personnel. Mon groupe se serait constitué de toute façon. Et il grandira quel que soit le président. »

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