Chadli Bendjedid

À bientôt 80 ans, l’ex-président algérien coule une retraite paisible entre Oran et Alger. Et partage son temps entre sa famille, la lecture et la rédaction de ses mémoires.

Publié le 23 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

« Chadli ? Il ne s’est jamais aussi bien porté, affirme Abdelaziz Boubakir, journaliste au quotidien El-Khabar et l’une des rares personnes à l’avoir interviewé en décembre 2007. Il coule une retraite paisible et travaille sur ses mémoires. » Depuis sa démission de la présidence le 11 janvier 1992, au lendemain du premier tour des législatives remportées par les islamistes, Chadli Bendjedid s’est fait plus que discret. À bientôt 80 ans – il est né le 14 avril 1929 -, l’ex-chef de la deuxième région militaire (Oranie) entre 1964 et 1978 partage sa vie entre Oran et Alger. Féru de plongée sous-marine, il aime se retrouver à Bousfer, à 35 km à l’ouest d’Oran, une station balnéaire où séjournèrent quelques personnalités étrangères du temps où il était aux commandes de l’État. À Alger, Chadli réside dans une villa de style mauresque que les autorités ont mise à sa disposition. Un privilège ? « Tous les anciens présidents ont droit à une résidence d’État, explique l’un de ses proches. Ancien maquisard, ex-officier supérieur, ex-président, il bénéficie de multiples pensions et retraites qui lui permettent d’être largement à l’abri du besoin. »

Ceux qui lui rendent visite dressent de lui un portrait plutôt flatteur. Quand il ne pratique pas ses sports favoris – marche, natation et tennis -, Chadli passe du temps avec ses petits-enfants, reçoit ses amis et s’adonne à la lecture. Hormis une thyroïdite et une hernie discale qui ont nécessité des soins à l’étranger, l’ex-raïs jouit d’une excellente santé. La chevelure cendrée, l’embonpoint à peine plus prononcé, il continue de s’habiller chic – il ne dédaigne pas les grandes marques, en particulier les costumes Smalto. « Il a toujours bon pied bon Âil, confirme un de ses anciens ambassadeurs. Doté d’une mémoire impressionnante, il semble ne pas être affecté par l’âge et possède la lucidité intellectuelle d’un quadragénaire. »
Longtemps, les Algériens étaient convaincus que Chadli était privé de parole, voire placé en résidence surveillée. « Des balivernes, assure Habet Hannachi, directeur de l’hebdomadaire Al-Mohakik. Ceux qui pensent qu’il a passé un deal avec les généraux pour ne pas s’exprimer sur les circonstances de son départ précipité ou sur son passage à la présidence se fourvoient. » N’empêche, depuis son départ en 1992, Chadli s’est tu. Accusé de tous les maux, raillé par une partie de l’opinion – raconter des blagues sur Chadli fut l’exercice favori des Algériens -, il s’est toujours abstenu de répondre aux critiques. « Il s’est fixé une règle d’or, témoigne un ancien ministre : ne jamais répondre à ses détracteurs. C’est mal connaître Chadli que de prétendre que quelqu’un puisse lui interdire de s’exprimer. »
Après avoir boudé le président Bouteflika – ce dernier avait eu des propos peu amènes à son égard en le traitant lui et ses prédécesseurs de « présidents stagiaires » -, Chadli a finalement renoué avec le sérail. On l’a vu serrer la main de Boutef lors des cérémonies de commémoration du 1er novembre 1954, et il a même accepté une rutilante voiture blindée, cadeau de la présidence à tous les anciens chefs d’État.

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