Chadli Bendjedid
À bientôt 80 ans, l’ex-président algérien coule une retraite paisible entre Oran et Alger. Et partage son temps entre sa famille, la lecture et la rédaction de ses mémoires.
« Chadli ? Il ne s’est jamais aussi bien porté, affirme Abdelaziz Boubakir, journaliste au quotidien El-Khabar et l’une des rares personnes à l’avoir interviewé en décembre 2007. Il coule une retraite paisible et travaille sur ses mémoires. » Depuis sa démission de la présidence le 11 janvier 1992, au lendemain du premier tour des législatives remportées par les islamistes, Chadli Bendjedid s’est fait plus que discret. À bientôt 80 ans – il est né le 14 avril 1929 -, l’ex-chef de la deuxième région militaire (Oranie) entre 1964 et 1978 partage sa vie entre Oran et Alger. Féru de plongée sous-marine, il aime se retrouver à Bousfer, à 35 km à l’ouest d’Oran, une station balnéaire où séjournèrent quelques personnalités étrangères du temps où il était aux commandes de l’État. À Alger, Chadli réside dans une villa de style mauresque que les autorités ont mise à sa disposition. Un privilège ? « Tous les anciens présidents ont droit à une résidence d’État, explique l’un de ses proches. Ancien maquisard, ex-officier supérieur, ex-président, il bénéficie de multiples pensions et retraites qui lui permettent d’être largement à l’abri du besoin. »
Ceux qui lui rendent visite dressent de lui un portrait plutôt flatteur. Quand il ne pratique pas ses sports favoris – marche, natation et tennis -, Chadli passe du temps avec ses petits-enfants, reçoit ses amis et s’adonne à la lecture. Hormis une thyroïdite et une hernie discale qui ont nécessité des soins à l’étranger, l’ex-raïs jouit d’une excellente santé. La chevelure cendrée, l’embonpoint à peine plus prononcé, il continue de s’habiller chic – il ne dédaigne pas les grandes marques, en particulier les costumes Smalto. « Il a toujours bon pied bon Âil, confirme un de ses anciens ambassadeurs. Doté d’une mémoire impressionnante, il semble ne pas être affecté par l’âge et possède la lucidité intellectuelle d’un quadragénaire. »
Longtemps, les Algériens étaient convaincus que Chadli était privé de parole, voire placé en résidence surveillée. « Des balivernes, assure Habet Hannachi, directeur de l’hebdomadaire Al-Mohakik. Ceux qui pensent qu’il a passé un deal avec les généraux pour ne pas s’exprimer sur les circonstances de son départ précipité ou sur son passage à la présidence se fourvoient. » N’empêche, depuis son départ en 1992, Chadli s’est tu. Accusé de tous les maux, raillé par une partie de l’opinion – raconter des blagues sur Chadli fut l’exercice favori des Algériens -, il s’est toujours abstenu de répondre aux critiques. « Il s’est fixé une règle d’or, témoigne un ancien ministre : ne jamais répondre à ses détracteurs. C’est mal connaître Chadli que de prétendre que quelqu’un puisse lui interdire de s’exprimer. »
Après avoir boudé le président Bouteflika – ce dernier avait eu des propos peu amènes à son égard en le traitant lui et ses prédécesseurs de « présidents stagiaires » -, Chadli a finalement renoué avec le sérail. On l’a vu serrer la main de Boutef lors des cérémonies de commémoration du 1er novembre 1954, et il a même accepté une rutilante voiture blindée, cadeau de la présidence à tous les anciens chefs d’État.
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