Burkina : la directrice de la police judiciaire limogée après le décès de onze personnes

À la suite de la mort de onze personnes dans les locaux de l’Unité antidrogue de la police à Ouagadougou, les autorités continuent la purge au sein de la police judiciaire. Cette fois, la directrice de cette entité stratégique a été limogée.

Des policiers burkinabè en août 2018 (photo d’illustration). © DR / Police nationale du Burkina Faso

Des policiers burkinabè en août 2018 (photo d’illustration). © DR / Police nationale du Burkina Faso

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Publié le 18 juillet 2019 Lecture : 3 minutes.

Alors que les premiers résultats de l’enquête ouverte par la procureure du Faso, à la suite de la mort de onze personnes dans les locaux de l’Unité antidrogue de la police nationale à Ouagadougou, ne sont pas encore connus, les sanctions commencent à tomber.

Après la suspension du commissaire de l’Unité antidrogue, le commissaire Richard Bélem, les autorités continuent de faire le ménage au sein de la police judiciaire, avec le limogeage de la directrice de la police judiciaire Néné Ouedraogo, commissaire principal de police. « Je vous informe que vous êtes suspendue de vos fonctions de directrice de la police judiciaire à la Direction générale de la police à compter de ce jour, le 17 juillet 2019, l’a informé Ousséni Compaoré, le ministre de la Sécurité, dans un courrier confidentiel. En attendant la nomination de votre successeur, un intérimaire sera désigné par Monsieur le directeur général de la police nationale pour la gestion des affaires courantes ».

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Dans la foulée de cette décision, neuf policiers de l’Unité antidrogue ont été mutés en attendant les résultats de l’enquête ouverte pour déterminer les causes de ces décès. Mardi, une source proche de l’enquête reconnaissait auprès de Jeune Afrique, sous couvert de l’anonymat, « la négligence et l’irresponsabilité des agents de la police judiciaire dans ce drame ».

Des conditions inadaptées ?

Cette affaire soulève néanmoins l’épineuse question des capacités d’accueil des services de police. « Tant que les politiques ne vont pas améliorer les conditions de détention dans nos cellules de garde à vue, c’est de la poudre aux yeux, a déploré sous couvert de l’anonymat un membre de l’Unapol, le syndicat de la police nationale burkinabè qui a dépêché une délégation sur place. Le bâtiment de l’Unité antidrogue est inadapté aux gardes à vue, et les conditions de détention y sont dégradantes pour les détenus ».

Les onze personnes décédées – principalement des Burkinabè – étaient en garde à vue avec une trentaine d’autres détenus dans les locaux de l’Unité, chargée de lutter contre la consommation et le trafic de stupéfiants. Officiellement, aucune information concernant les circonstances exactes de leur mort dans la nuit du dimanche à lundi n’a pour l’instant été confirmée. Selon les informations de Jeune Afrique, les conditions de leur détention pourraient être mises en cause dans le déclenchement des événements.

Selon une source proche du dossier, les victimes seraient probablement décédées à la suite d’asphyxie et de déshydratation. Une hypothèse que les autopsies en cours devraient permettre de confirmer ou infirmer. Signe que les conclusions de l’expertise médico-légale sont très attendues par les autorités et les familles des victimes, le syndicat des avocats a appelé à une enquête indépendante pour élucider l’affaire.

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Pas de bavures policières, selon le syndicat de la police

Pour sa part, l’Unapol s’insurge dans une déclaration que de telles situations se produisent dans un État de droit. Affirmant avoir eu des entretiens avec les responsables de l’Unité antidrogue, les policiers de garde durant la nuit des événements et un groupe de détenus ayant survécu, le syndicat de police certifie qu’aucune bavure n’a été constatée, pointant du doigt des détériorations. « Les conditions de détention et de commodité du violon (notamment d’hygiène, d’exiguïté du violon, d’aération et d’absence de toilettes) ont été jugées très délétères par les gardés à vue et susceptibles de causer le décès de leur codétenus », fustige l’Unapol.

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