Bundu dia Kongo : l’ONU accuse la police
La répression du mouvement sectaire aurait fait une centaine de morts selon la Monuc. Kinshasa conteste.
Cent personnes tuées, cent cinquante autres arrêtées et plus de deux cents bâtiments détruits : ce bilan macabre, publié le 13 juin dans un rapport de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), est celui des opérations menées par la Police nationale congolaise (PNC) au Bas-Congo, entre la fin février et la mi-mars derniers. À l’époque, Kinshasa cherche à restaurer son autorité dans cette province de l’ouest du pays. De violents affrontements y opposent régulièrement les pouvoirs locaux et les membres de Bundu dia Kongo (BDK), un mouvement politico-religieux créé en 1986 par Ne Muanda Nsemi – aujourd’hui député, il prétend avoir été visité par « l’esprit de Dieu » – pour faire « renaître » le peuple africain et restaurer l’ex-royaume Kongo (qui, avant la colonisation, s’étendait sur l’actuel Bas-Congo, une partie de l’Angola, du Congo-Brazzaville et du Gabon). Fort de 1,5 million d’adeptes, BDK s’est doté de rituels et d’un code juridique définissant des amendes et des punitions corporelles. Dans certains villages, il a même constitué sa propre police, les « Minkenge ».
Fin février, le gouvernement envoie près de 150 policiers dans la province, officiellement pour arrêter les meurtriers, membres de BDK, de deux hommes brûlés vifs pour sorcellerie. Rapidement, l’opération prend « une envergure plus importante », note la Monuc, qui se demande si les autorités n’avaient pas, en fait, « pour objectif de réduire considérablement la capacité opérationnelle de BDK ». Par le menu, le rapport décrit des pillages et des incendies orchestrés par les forces de l’ordre. Le document relève qu’elles tuent parfois sans autre forme de procès et souligne que les policiers sont bien mieux armés – ils disposent de fusils d’assaut et de mitrailleuses légères – que les membres de BDK, qui brandissent, le plus souvent, des branches de bois taillées en croyant qu’elles vont, comme par magie, se transformer en armes.
La Monuc, qui ne mâche pas ses mots, conclut par une virulente diatribe contre « l’usage excessif ou illégitime de la force par la police » et demande à Kinshasa d’ouvrir une enquête sur les crimes évoqués. Piqué au vif, le gouvernement – qui avait dressé un bilan de 27 morts – a réagi le 17 juin en dénonçant « la légèreté de ce rapport », « confectionné apparemment pour l’accabler ». La Monuc n’a toutefois pas épargné les dirigeants de BDK, sommés de « reconnaître la légitimité du gouvernement congolais ».
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