Entretien exclusif avec Mo Ibrahim : de Bouteflika à Tshisekedi, ses jugements sans concession

Des « merveilleuses » chutes d’Omar el-Bechir et Abdelaziz Bouteflika, à la « honteuse » élection en RDC, le milliardaire livre son regard sans concession sur la gouvernance en Afrique. Dans ses bureaux de Londres, Mo Ibrahim a reçu Jeune Afrique pour un entretien sans langue de bois.

Mo Ibrahim, en 2014 à Paris. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Mo Ibrahim, en 2014 à Paris. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Publié le 20 juillet 2019 Lecture : 1 minute.

Mo Ibrahim est un gentleman aux manières policées, mais ses mots eux, le sont beaucoup moins. Avec son air de ne pas y toucher, le milliardaire ne pratique pas la langue de bois. Ce chantre de la bonne gouvernance est devenu une des voix qui portent le plus en Afrique.

C’est en plein cœur de Londres, au Royaume-Uni, dans les bureaux de sa Fondation, qu’il a accueilli Jeune Afrique pour cette interview. À 73 ans, ami des puissants, il n’en est pas moins leur juge, souvent intransigeant.

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À boulets rouges

Lui qui fustige « ces vieux présidents qui se croient irremplaçables et veulent à tout prix se maintenir au pouvoir », s’est réjoui des renversements, en avril, d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie et d’Omar el-Béchir, au Soudan, son pays. « C’était merveilleux », nous a-t-il confié, plein d’espoir.

Il s’insurge en revanche contre les pays africains qui n’ont rien dit, ou pas grand chose, après l’élection de décembre dernier, en République démocratique du Congo. Un scrutin « honteux », selon lui, lors duquel « le vrai vainqueur, Martin Fayulu, a été écarté ». De Patrice Talon au Bénin devenu, dit-il, « un dictateur », à John Magufuli en Tanzanie qui « se prend pour Dieu », il pourfend nombre de dirigeants.

Depuis 2006 et la création de sa Fondation pour la bonne gouvernance, le prix Mo Ibrahim qui se donne pour mission de récompenser les anciens dirigeants les plus vertueux n’a été décerné que cinq fois. La récompense est accompagnée d’un chèque de cinq millions de dollars sur dix ans. « Peanuts ! », estime celui qui a vendu son entreprise de communication, Celtel, pour 3,4 milliards de dollars en 2006. « Avec ce que nous leur donnons, nous les encourageons à rester de bons citoyens. Ce n’est pas cher payer », assure cet éternel optimiste.

À lire dès le dimanche 21 juillet en ligne et en kiosque.

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