CAN 2019 : Belmadi et Cissé, duel de tacticiens 100% africains pour la finale Algérie-Sénégal

Historique, la finale de la CAN 2019 entre l’Algérie et le Sénégal l’est à plus d’un titre, notamment en raison des profils des deux sélectionneurs nationaux : Djamel Belmadi et Aliou Cissé, deux hommes qui se connaissent depuis longtemps. Et c’est aussi la première entre deux coachs africains depuis… 21 ans !

Aliou Cissé et Djamel Belmadi, les sélectionneurs des équipes nationales du Sénégal et d’Algérie. © Photomontage / Photos : Martin Meissner/AP/SIPA / Hassan Ammar/AP/SIPA

Aliou Cissé et Djamel Belmadi, les sélectionneurs des équipes nationales du Sénégal et d’Algérie. © Photomontage / Photos : Martin Meissner/AP/SIPA / Hassan Ammar/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 19 juillet 2019 Lecture : 4 minutes.

Ils ont le même âge – 43 ans -, sont nés à un jour d’intervalle (24 mars 1976 pour Aliou Cissé, le lendemain pour Djamel Belmadi), ont fréquenté en même temps le centre de formation du Paris-SG en 1992, et ont tous les deux effectué l’essentiel de leur carrière professionnelle en France – Paris-SG, Martigues, Marseille, Cannes et Valenciennes pour Belmadi ; Lille, Sedan, Paris-SG, Montpellier et Nîmes pour Cissé.

Le sélectionneur des Fennecs est né à Champigny-sur-Marne, le second à Ziguinchor, une ville qu’il a quittée à l’âge de 9 ans pour s’installer avec sa famille à… Champigny-sur-Marne. Les deux hommes ont donc grandi à quelques kilomètres l’un de l’autre, et ont par la suite eu l’occasion de s’affronter en Ligue 1 ou en sélection. Mais après le match de vendredi soir, l’un quittera l’Égypte avec la Coupe d’Afrique des nations sous le bras, tandis que l’autre aura le sentiment d’avoir simplement effleuré des doigts le bonheur absolu.

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En moins d’un an, Belmadi a déjà beaucoup fait

Surtout, il n’aura échappé à personne que Belmadi et Cissé sont aussi des entraîneurs de la même nationalité que leur sélection, quelque chose qui réjouira tous les fans africains de foot car cela n’était pas arrivé en finale de la CAN depuis… 21 ans : en 1998, au Burkina Faso, entre l’Égypte de Mahmoud el-Gohary et l’Afrique du Sud de Jomo Sono (2-0). Depuis 1990, en 30 ans et en 15 éditions, la CAN n’aura donc connu une finale 100% africaine qu’à deux reprises…

Si les deux coachs ont de nombreux points communs, on l’a compris, ils n’en cultivent pas moins leurs différences. En moins d’un an, Belmadi a fait ce que les successeurs de Vahid Halilhodzic, huitième de finaliste de la Coupe du monde 2014, n’avaient pas pu faire, la faute, notamment, à une fédération incapable de s’inscrire dans la durée. Le second bénéficie de la confiance de ses dirigeants depuis plus longtemps (février 2015), et, forcément, cette stabilité se traduit avec de meilleurs résultats sur le terrain.

Belmadi prône un jeu au sol, posé, avec une priorité : que son équipe ait la possession du ballon

Le sélectionneur français du Kenya, Sébastien Migné, qui a affronté l’Algérie (0-2), puis le Sénégal (0-3), a pu se faire une idée plus juste de ce que demandent ses deux homologues à leurs joueurs. « L’Algérie m’a fait très forte impression. On se sentait impuissant face à elle. Déjà, en entrant sur le terrain, j’avais été impressionné par la qualité des joueurs : de vrais athlètes. Collectivement, c’est très bien huilé, avec des associations de joueurs qui marchent très bien, comme Bounedjah-Belaïli par exemple. Belmadi prône un jeu au sol, posé, avec une priorité : que son équipe ait la possession du ballon. »

Le coach des Harambee Stars livre un regard également très positif sur le Sénégal, « même si son jeu est moins spectaculaire ». « C’est une très grosse machine, avec de belles individualités, dans toutes les lignes : Koulibaly derrière, et c’est pour cela que sa suspension est un vrai handicap, Gueye, qui est un milieu récupérateur avec des qualités offensives, et devant, avec Mané, bien sûr, Sarr, Niang ou Baldé. »

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En moins d’un an, Djamel Belmadi est parvenu à faire adhérer son groupe à son projet, et cela ne surprend pas Ali Fergani, l’ancien international puis sélectionneur algérien. « Il ne faut pas oublier qu’au Qatar, que ce soit avec la sélection ou avec Al-Duhail, il a eu des résultats. Son message passe bien, et il a eu des résultats assez rapidement, comme cette victoire au Togo en qualifications pour la CAN 2019 (4-1). C’est sans doute à partir de ce match qu’il s’est passé quelque chose. Belmadi a trouvé un groupe, il a imposé ses choix, donné de vraies responsabilités à Mahrez, mais c’est vrai que je ne m’attendais pas à ce que cela fonctionne aussi vite. »

Cissé, ou les vertus de la stabilité

Avec le parcours réalisé par les Verts en Égypte, et à plus forte raison si l’Algérie s’impose face au Sénégal, Belmadi devrait avoir toute la latitude nécessaire pour affiner son projet. Cissé, lui, œuvre déjà depuis quatre ans, et il a qualifié son équipe pour les CAN 2017 et 2019, ainsi que pour la dernière Coupe du monde en Russie. « Dans d’autres pays, il aurait pu être viré… Mais la fédération sénégalaise et son président, Augustin Senghor, a eu l’intelligence de lui laisser le temps de travailler », juge Lamine Ndiaye.

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Celui qui fût sélectionneur des Lions de la Teranga après en avoir été un des attaquants, estime la génération actuelle capable de réussir là où celle de 2002 avait échoué. « Celle de 2002 avait aussi du talent, avec de fortes personnalités. L’équipe d’aujourd’hui est différente. Le jeu qu’elle propose est bon, même si, techniquement, l’Algérie a peut-être plus d’arguments. Mais un joueur de classe mondiale comme Sadio Mané, qui monte en puissance au fil des matches, est un atout dont peu d’équipes africaines disposent. »

Une chose est sûre : la finale de vendredi soir sera aussi et surtout une bataille tactique. Et à ce jeu, les deux sélectionneurs ont prouvé un savoir-faire certain.

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