Vitrine d’Afrique centrale

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 3 minutes.

Peu de pays d’Afrique ont pu bénéficier, au cours de leur histoire récente, de circonstances aussi favorables à un redémarrage de leur économie que celles dont jouit actuellement le Cameroun. Et rarement autant de circonstances favorables au développement se sont trouvées réunies, au même moment, en un seul pays.
Il faut dire que c’est une véritable pluie de bonnes nouvelles qui s’est abattue sur le Cameroun depuis que celui-ci a été admis au sein du club des États bénéficiaires de l’initiative dite PPTE (en faveur des pays pauvres très endettés). Ainsi, le 13 mai dernier, les intérêts de la dette commerciale camerounaise (700 millions d’euros) ont été purement et simplement effacés par les créanciers privés. Quant au principal de cette dette, il est prévu qu’il soit racheté par le Cameroun lui-même à 14,5 % de sa valeur, grâce à des dons de la Banque mondiale, de la France et de la Norvège.

Quelques jours plus tôt, le 5 mai, la Banque mondiale, encore elle, avait annoncé sa décision de soutenir le développement socio-économique du Cameroun en débloquant 75 milliards de F CFA (plus de 114,3 millions d’euros), destinés essentiellement à un programme d’amélioration des conditions de vie des populations. En outre, l’approbation prochaine, par les institutions de Bretton Woods, de son programme de réduction de la pauvreté devrait permettre au pays de bénéficier d’un nouvel allègement de dette d’un montant de 1 400 milliards de F CFA (2,1 milliards d’euros) !
Comme on peut le voir, le Cameroun a la cote. Pourtant, il revient de loin. Il n’y a pas si longtemps, en effet, il figurait encore dans le peloton de tête des pays rongés par la corruption, et les institutions internationales avaient fait de la lutte contre ce fléau un préalable à l’octroi de nouveaux crédits. Aujourd’hui, force est de constater que son image s’est un peu améliorée. Le Comité de lutte contre la corruption, créé en juillet 1998 et présidé par le Premier ministre Peter Mafany Musonge, y est certainement pour quelque chose. Depuis ce jour, des cellules anticorruption ont été mises en place dans chaque département, des sanctions sont tombées. Des têtes aussi…
Nul doute que ces signaux contribuent au rétablissement de la confiance. Mais si les flux financiers convergent à nouveau vers Douala et Yaoundé, cela est dû, avant tout, à l’amélioration des perspectives économiques d’un pays qui a su traverser de longues périodes de vaches maigres sans jamais basculer, comme certains de ses voisins, dans la guerre civile ou l’instabilité. D’ailleurs, entre 2000 et 2001, les investissements directs étrangers (IDE) sont passés de 31 millions à 75 millions de dollars. Il est vrai que la réalisation de l’oléoduc Tchad-Cameroun, dont la mise en service est prévue dans les prochaines semaines, y a beaucoup contribué. Il n’en demeure pas moins que les investissements devraient se maintenir à un niveau élevé au cours des années à venir. Grâce notamment à la l’ouverture de nouveaux chantiers, à la modernisation du port de Douala, à l’exploitation d’un gigantesque gisement de nickel et de cobalt à Lomié, dans la province de l’Est, et aux nombreux projets de modernisation de la capitale économique, qui, soit dit en passant, en avait bien besoin.

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Après plus d’une décennie d’un inexorable processus de délabrement, on est bien obligé d’applaudir. Au vu d’une conjoncture aussi propice, il eût été désespérant que le pays ne cherche pas à se doter, enfin, d’un port digne de son intense activité économique et de son rayonnement sous-régional. Dût-il en passer par la réalisation de projets pharaoniques. Comme quoi il ne faut jamais désespérer du Cameroun.

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