Un paradoxe subsaharien

Selon une étude américaine, l’extraction pétrolière sur le continent exacerbe la pauvreté et favorise la corruption.

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Le pétrole ne ferait pas toujours le bonheur… des populations africaines. C’est ce qui ressort d’une étude publiée le 17 juin par l’agence américaine d’aide au développement, Catholic Relief Services (CRS), dont les auteurs se demandent si le pétrole ne serait pas aujourd’hui une malédiction pour l’Afrique. Pas de révélations fracassantes dans ce rapport d’une centaine de pages, mais un simple constat : bien que le pétrole coule à flots le long du golfe de Guinée et rapporte plusieurs centaines de millions de dollars aux différents États, il ne contribue ni à la croissance économique ni à l’éradication de la misère. Pis, constate l’enquête, « dans nombre de cas, l’extraction pétrolière exacerbe la pauvreté en créant une instabilité politique avec des niveaux de corruption et de violence qui s’amplifient ». Sans parler des impacts négatifs sur l’environnement et les écosystèmes des différents projets pétroliers ou gaziers.
CRS donne notamment l’exemple du Nigeria, qui aurait perçu plus de 300 millions de dollars de rente pétrolière sur les vingt-cinq dernières années, alors que le revenu par habitant continue de stagner en dessous de 1 dollar par jour.
Plus généralement, la sous-région présente aujourd’hui des indices de pauvreté supérieurs de 30 % à ceux de 1980.
Premiers responsables de cette situation, les gouvernements africains, que l’agence accuse de gérer la richesse pétrolière de façon opaque, pour leur plus grand bénéfice et celui de leurs proches. Les compagnies pétrolières, « qui entretiennent le plus souvent des relations étroites avec les milieux politiques », mais aussi les grandes institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, ainsi que les différents gouvernements des pays du Nord, sont également montrés du doigt.
Signataire de l’initiative « Publish What You Pay », lancée en 2002 par une soixantaine d’ONG pour obliger les compagnies pétrolières à déclarer les commissions versées aux pays en voie de développement, CRS demande donc plus de transparence pour mettre fin à la culture du secret qui caractérise l’industrie extractive en Afrique.
Un impératif même, alors que les pays de la sous-région, qui détiennent 8 % des réserves mondiales prouvées en hydrocarbures, devraient encore recevoir plus de 200 milliards de dollars durant la prochaine décennie.

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