Liesse et fraternisation dans le Nord, violences dans le Sud : comment les Marocains ont vécu la victoire de l’Algérie à la CAN 2019
La victoire de l’Algérie a été largement célébrée par les Marocains, donnant lieu à des scènes de fraternisation inédites dans le nord du pays. Des violences ont cependant éclaté dans le Sud.
La victoire de l’Algerie à la CAN 2019 a été vécue de façon contrastée – et très politique – au Maroc, où l’opinion, passé le moment de frustration ressenti après l’élimination prématurée des Lions de l’Atlas, avait dans sa grande majorité reporté ses faveurs sur le onze algérien.
Dans la région septentrionale de l’Oriental, le long de la frontière commune fermée depuis 25 ans, des scènes de liesse ont ponctué la nuit du 19 au 20 juillet, notamment à Saidia – ou les supporters marocains des Fennecs avaient installé une « fan zone » – au poste frontalier de Zouj Bghal et à Oujda.
Fraternisation inédite
Dans cette dernière ville, des convois de véhicules arborant des drapeaux mixtes marocains et algériens, ont parcouru les artères alors que la foule se rassemblait place du 9-juillet et devant le consulat général d’Algérie.
Sur les deux rives de l’oued Kiss, qui sépare Saidia de la ville algérienne de Marsa Ben M’Hidi, des centaines de supporters ont scandé le fameux : « One, two, three, Viva l’Algérie ». Mais aussi : « Le peuple veut la fin des frontières ».
Selon des sources policières, ces manifestations de fraternisation inédites ont rassemblé six à sept mille Marocains dans l’Oriental et plusieurs milliers d’autres à travers le royaume (Casablanca, Tanger, Rabat, Marrakech…).
Rendu public le 20 juillet, le chaleureux message de félicitations du roi Mohammed VI « au peuple algérien frère, en cette occasion historique », a été soigneusement calibré pour démontrer que la mésentente entre les deux voisins ne reposait sur aucune animosité entre les deux peuples, mais sur un contentieux artificiel : celui du Sahara.
Scènes d’émeutes à Laayoune
Dans les provinces du Sud en revanche, la nuit du 19 au 20 juillet a été marquée par des éruptions de violence en complet décalage avec ce qui précède.
Répondant à un mot d’ordre émis depuis Tindouf par la direction du Front Polisario, les réseaux de militants séparatistes ont fait descendre dans les rues de Laayoune, Smara, Dakhla, Boujdour et Tan Tan des groupes de jeunes estimés au total à près de 9 000, avec un objectif précis : mettre à profit l’excitation causée par la victoire algérienne pour affronter les forces de l’ordre.
Épicentre des incidents, la ville de Laayoune a connu de véritables scènes d’émeutes entre des manifestants armés de pierres et d’armes blanches et la police, qui a fait usage de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et même procédé à des « tirs de sommation non létaux », mais à balles réelles, pour se dégager.
Selon des sources sécuritaires auxquelles Jeune Afrique a eu accès, l’avenue Mohammed VI a été occupée pendant plusieurs heures sur une longueur de deux kilomètres, avec incendies de voitures, barricades, saccage d’une agence bancaire et attaque d’un véhicule de police, avant que la foule ne soit dispersée. 169 membres des forces de l’ordre et un nombre inconnu d’émeutiers ont été blessés. Une vingtaine de manifestants ont été interpellés.
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