Algérie – Karim Younès : « Il faut bien qu’un jour on puisse élire un chef dans ce pays »
Cité parmi les 13 personnalités proposées par le Forum de la société civile pour conduire le dialogue transitionnel, Karim Younès, ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN) et ex-ministre de Bouteflika, estime que la concertation permettra de « fixer les modalités et une date approximative pour l’élection présidentielle ». Interview.
Aux côtés de l’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi et des ex-chefs du gouvernement Mouloud Hamrouche et Mokdad Sifi, Karim Younès fait partie des quatre figures politiques censées accompagner dans la recherche d’une sortie de crise neuf représentants de la société civile, dont l’avocat Mustapha Bouchachi, le sociologue Nacer Djabi ou encore la constitutionnaliste Fatiha Benabbou.
« Cette liste avait besoin d’être renforcée par des acteurs politiques, et c’est pour cette raison que le Forum a fait appel à des personnes qu’il juge aptes à apporter la contribution demandée », explique celui qui a été ministre de la Formation entre 1999 et 2002, avant d’occuper le perchoir de président de l’APN de 2002 à 2004. Il annonce avoir répondu favorablement à l’appel lancé par le Forum de la société civile pour le changement, regroupant environ 80 associations et approuvé par le président par intérim Abdelkader Bensalah.
Alors que cette initiative, comme les précédentes, peine encore à se concrétiser, Karim Younès espère que les différentes propositions puissent « converger » en une seule. Mais comme le déclarait à Jeune Afrique le sociologue Nacer Djabi, lui aussi cité parmi les 13 noms avancés, le pouvoir doit montrer des signes d’ouverture préalablement à tout dialogue.
Selon Karim Younès, sans « la libération des détenus pour délit d’opinion et la fin de la répression violente des manifestants et des médias », aucune concertation n’est possible. S’il n’y a pas eu d’arrestations signalées vendredi 19 juillet – qui coïncidait avec la finale de la CAN remportée par l’équipe nationale – , des dizaines de manifestants et plusieurs détenus d’opinion comme le moudjahid Lakhdar Bouregaa restent pour l’instant sous les verrous.
Jeune Afrique : Vous faîtes partie des 13 personnalités choisies par le Forum de la société civile pour le changement. Pourquoi avez-vous accepté cette proposition ?
Karim Younès : J’ai répondu favorablement à l’appel lancé par le Forum de la société civile pour rejoindre le groupe de personnalités, hommes et femmes, qui vont s’organiser pour déclencher un processus de médiation entre les différentes composantes du pays. L’Algérie vit un moment exaltant de son histoire et le peuple appelle à un véritable changement de régime, à plus de transparence, à une distribution des richesses plus équitable.
Ces personnalités essaieront de travailler ensemble pour être une interface entre les manifestants et les représentants de l’État
Ces personnalités essaieront de travailler ensemble pour être une interface entre les manifestants hebdomadaires et les représentants de l’État, ou entre un parti et un autre. Il s’agit de gens qui marchent eux-mêmes chaque semaine, qui ont entendu, écouté et compris le cri du peuple et la volonté de changement.
De l’autre côté, les autorités doivent surtout se rendre compte qu’elles ont affaire à une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui ont d’autres valeurs, d’autres repères. Une génération très différente de l’ancienne, mais qui respecte cette dernière. Si on ne fait pas l’effort de l’écouter, on risque d’aller vers le chaos.
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