Les madeleines de Ridha Behi

La Boîte magique, de Ridha Behi (sortie à Paris le 25 juin)

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Arrivé à l’âge mûr, Raouf, cinéaste tunisien, connu pour ses films engagés, se tourne vers un thème plus intimiste, plus autobiographique. Alors même qu’il vit une grave crise conjugale avec son épouse française. À la suite de la commande d’une télévision européenne, il écrit un scénario sur son enfance, qu’il réussit à reconstituer par associations, selon la bonne vieille méthode de la madeleine de Proust.
À cette époque, celle des années soixante à Kairouan, il se découvrait une passion pour le cinéma grâce à Mansour, un oncle projectionniste facétieux et « libéré » qui, entre deux tournées pour présenter Zorro en plein air, avait élu domicile… dans un bordel. L’amitié entre Mansour et Raouf vaut à ce dernier d’innombrables disputes avec son père autoritaire, intégriste musulman, qui n’envisage pas d’autre préparation à la vie que celle préconisée par l’école coranique.
Traitant à la fois de l’initiation à la culture et à la sexualité, des vertus émancipatrices du septième art, des questions existentielles qui assaillent les adultes après la quarantaine, de la difficulté de concilier les aspirations à la modernité et le respect des valeurs ancestrales, le film ne craint pas de multiplier les pistes. D’où les diverses références cinématographiques qui viennent à l’esprit pendant la projection. Impossible de ne pas penser à Cinema Paradiso (explicitement cité par l’auteur), à Halfaouine ou encore aux comédies musicales égyptiennes, pastichées avec bonheur par Ridha Behi.
Évitant – souvent – les approches didactiques, il tente toujours de privilégier la dimension poétique des situations, et réussit à ne pas se noyer sous cette accumulation de thèmes. Le rythme du film pâtit parfois des incessants allers-retours entre présent et passé, scènes à portée historique, sociologique ou autobiographique. D’autant que, même si les acteurs sont plutôt convaincants, il est difficile de ne pas remarquer à quel point les scènes où apparaît le jeune Mehdi Rebii, dans le rôle de Raouf enfant, sont plus attachantes que les autres. Si « revenir à la vérité de l’enfance n’est pas un retour, mais un chemin que l’on doit gravir », comme le dit joliment le réalisateur, c’est sans doute ce chemin qu’il nous fait parcourir avec le plus de bonheur.

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