Le blues du Bourget

En pleine crise du secteur, le 45 e Salon international s’est tenu, du 15 au 22 juin en région parisienne, sous le signe de la morosité.

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Millésime sous le signe des anniversaires pour le Bourget. Le 45e Salon de l’aéronautique et de l’espace, qui s’est tenu en région parisienne du 15 au 22 juin, a célébré le centenaire du premier vol de l’Histoire : celui des frères Wright, effectué le 17 décembre 1903. Et aussi le 50e anniversaire de l’installation du Salon à l’aéroport du Bourget (avant 1953, la réunion se tenait au Grand Palais, à Paris). Mais cette édition a surtout été l’an Ier de la morosité : « La crise que connaît le secteur en ce moment est sûrement la plus dure de l’histoire de l’aéronautique », a déclaré Jean-Paul Béchat, président-directeur général du motoriste français Snecma. Origines de cette crise : le 11 septembre, le sras et la guerre en Irak.
Comme tous les deux ans se sont réunis tous les acteurs importants du secteur : avionneurs, motoristes, équipementiers. Tous les records de participation avaient été battus en 2001 (visiteurs inclus). Cette année, 1 700 exposants ont fait le déplacement (baisse de 5 % par rapport à 2001) et 38 pays ont été représentés (contre 41 en 2001). Mais l’attention s’est surtout portée sur la participation des professionnels en provenance des États-Unis. Plus d’un mois après la fin du conflit en Irak, allaient-ils bouder la réunion parisienne en représailles à l’indocilité française ?
La présence américaine était effectivement en baisse : deux fois moins d’avions exposés, diminution de 20 % du nombre des entreprises ayant un stand. Conformément à la volonté du Pentagone, aucun général de l’armée ne s’est déplacé. Le directeur de Boeing, Phil Condit, n’a pas jugé utile de venir à Paris, et deux constructeurs américains, Gulfstream et Cessna, ont fait défaut, notamment du fait des difficultés économiques qu’ils traversent.
« Participer à un salon comme celui du Bourget coûte cher. Et c’est un investissement difficile à rentabiliser », affirme un cadre du constructeur français Socata. Peu d’affaires se font pendant la semaine du Salon. Les constructeurs et les compagnies profitent surtout de la présence de la presse (environ 4 000 journalistes couvrent l’événement) pour annoncer la signature des contrats.
Le 16 juin, Airbus et Emirates, la compagnie de Dubaï, ont officialisé une commande de vingt et un A-380 (gros-porteur de 555 places qui effectuera son premier vol en 2005) et de dix-huit A-340-600 et deux A-340-500, pour une valeur totale de 12,5 milliards de dollars (10,6 milliards d’euros). Airbus semble avoir pris le dessus sur Boeing : l’avionneur européen enregistre à l’heure actuelle 156 commandes fermes, alors que son concurrent en annonce 81. Mais le constructeur américain ne s’inquiète pas : il compte sur une reprise des livraisons à partir de 2005.
Dassault a, lui, annoncé une baisse de son chiffre d’affaires pour 2003 et mise sur le Mirage 2000-9 pour garder ses parts de marché. Snecma souhaite que son résultat net se maintienne cette année : « J’espère que l’on est au fond du trou », avoue Jean-Paul Béchat, qui voit la future construction de l’A-400M comme une bouffée d’air frais.

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