JH partagerait appartement

L’éditeur marocain Abdellah Karroum organise des rencontres entre artistes dans son pied-à-terre de Rabat. Pour changer le monde.

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Petit, Abdellah Karroum rêvait de devenir chanteur ou médecin selon que ses humeurs le portaient vers l’égoïsme ou l’altruisme. Aujourd’hui, à 32 ans, il n’est ni l’un ni l’autre mais gageons que ses multiples casquettes (commissaire d’exposition, éditeur et producteur) flattent son ego tout en le maintenant dans l’ombre des artistes à qui il offre ses murs et ses pages.
En 2002, ce nomade impénitent crée une maison d’édition, hors’champs, à Fès et transforme son pied-à-terre r’bati en résidence publique et privée dédiée à la création. Sis 279, avenue Mohammed-V, quasiment en face du Parlement et juste au-dessus du cinéma Le Colisée, l’Appartement 22 ouvre ses portes les soirs de vernissage et sur rendez-vous aux artistes inspirés comme au public curieux. Fétichisme ou pure coïncidence, le dernier vernissage en date a eu lieu le 22 mai. Intrigué, on se presse de pousser la porte pour découvrir au bout d’un petit couloir un cube blanc noir de monde. Au centre de la pièce trône une « table de conversation aléatoire » conçue par Pascal Sémur qui, avec Élodie Carré, avait reçu carte blanche pour investir et habiter le lieu. Venu de Bordeaux, ce duo signait là le troisième volet d’une série thématique baptisée « JF-JH », comme pour entériner l’égalité hommes-femmes.
Mais ne vous méprenez pas, « l’Appartement 22 n’est pas une galerie d’art », insiste le maître des lieux. « C’est un espace privé où j’invite tout le monde. » Ne vous attendez pas à recevoir de carton pour la simple raison qu’Abdellah n’en envoie pas : il dispatche entre 700 et 800 e-mails dans le monde entier pour annoncer les manifestations. En fait, cet endroit intime et chaleureux n’est qu’une « vitrine » pour les nombreux projets qu’Abdellah et ses complices dans l’art réalisent dans les coins les plus retirés du Maroc et qui les mènent tantôt dans un jardin public casablancais tantôt dans la casbah des Oudayas à Rabat, mais aussi dans les sentiers montagneux et les souks des campagnes. Outre les expositions, ce cube blanc de quatre mètres sur cinq a vu défiler bien du monde en l’espace de huit mois d’existence. Fouad Bellamine, qui auparavant y entreposait ses toiles, y a donné une leçon de peinture, Youssouf Amine Elalamy y a lu des extraits de ses romans et on y a croisé bien d’autres (le compositeur Ahmed Essyad, le plasticien Mustapha Boujemaoui, la jeune Safaa Eruas, etc.). Au milieu de tous ces artistes, Abdellah, dont la plus grande fierté est « de croire en la force de l’art pour changer le monde », a l’air aussi heureux qu’un poisson dans l’eau.

www.hors-champs.net et www.appartement22.free.fr.

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