Il Cavaliere fait cavalier seul

Se pliant au diktat d’Israël, Berlusconi choisit de ne pas rencontrer Arafat. À la différence de la plupart de ses pairs européens.

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Deux fois en procès, pour corruption, devant la justice italienne sur fond d’échecs électoraux (son parti Forza Italia vient de perdre, notamment, les provinces de Rome et du Frioul-Vénétie julienne), Silvio Berlusconi inaugure mal sa présidence temporaire (à partir du 1er juillet) de l’Union européenne. Se pliant docilement au diktat d’Ariel Sharon, il a choisi de ne pas rencontrer Arafat lors de sa visite au Moyen-Orient. Moyennant quoi il put s’empresser, le 9 juin, d’assurer au Premier ministre israélien : « Je suis fier d’être l’ami le plus décidé, le plus sincère et le plus proche d’Israël. »
Ce faisant, toute inclination personnelle mise à part, le Cavaliere s’inscrit en rupture d’une doctrine européenne constante, qui tient Yasser Arafat pour le président légitimement élu du peuple palestinien. La sanction a donc été immédiate : Mahmoud Abbas a refusé de recevoir Berlusconi, qui a dû quitter la région sans avoir rencontré le moindre responsable palestinien. Tout comme Sharon avait refusé de recevoir les autres personnalités européennes qui n’avaient pas obéi à ses injonctions.
De fait, Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, le 26 mai, et Javier Solana, coordinateur de la politique étrangère européenne, le 15 mai, n’avaient pas hésité à rendre visite à Yasser Arafat, assiégé à Ramallah dans son quartier général de la Mouqata’a. Le premier s’était entretenu aussi avec son homologue palestinien Nabil Chaath tandis que le second annulait purement et simplement sa visite en Israël.
À la veille des six mois de présidence italienne de l’Union européenne, ce faux pas de Silvio Berlusconi a été sévèrement commenté : « Sa visite au Moyen-Orient, a déclaré un diplomate, a été une façon pour lui d’échapper à ses problèmes judiciaires en Italie. En tout état de cause, son comportement en politique étrangère augure mal de sa présidence et peut même nuire à l’Union dans ses efforts pour forger une politique étrangère cohérente. »
Quant à ses soucis domestiques, le Cavaliere, sans pudeur, a réussi au moins à les différer en se faisant voter le 18 juin par le Parlement une immunité pour la durée de son mandat.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires