Fusion 24/06/2003, « Vox populi »

Publié le 23 juin 2003 Lecture : 5 minutes.

« Vox populi »
Pour une fois, j’ai été pris d’amertume en lisant CQJC du n° 2213 (« Bravo à la Cemac »). En approuvant la reconnaissance du coup d’État en Centrafrique, vous faites l’apologie de la violence, du droit de la force. Aucun coup d’État, si ce n’est celui du peuple, n’en vaut la peine. Pour la chute des dictatures, vous devez continuer à interpeller les mauvais gouvernants et à susciter l’éveil des peuples. Seule la vox populi permettra un jour de rompre le cycle des dirigeants oppresseurs en Afrique et ailleurs.

Non au paternalisme
Quand oserons-nous enfin organiser un sommet officiel contre l’hypocrisie mondiale, dont la dernière illustration a été la réunion du G8 à Évian, en France ? Tous les pays du Sud, pauvres ou émergents, réclament de leurs partenaires des échanges marchands loyaux et réciproquement bénéfiques, et non des aides humanitaires. Il y a urgence à redéfinir un nouveau partenariat Nord-Sud excluant toute forme de paternalisme. Sans cela il n’y aura pas de paix possible dans les « paradis-bunkers » occidentaux.

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Bravo ATT
À l’occasion du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, le président Amadou Toumani Touré s’est adressé à son peuple à travers deux grands événements qui ont attiré mon attention. Il s’agit d’un débat télévisé en langue nationale bambara et d’un point de presse avec les journalistes nationaux et étrangers. ATT a ainsi dressé son bilan et défini les perspectives pour son pays. C’est un président proche du peuple, qui nous comprend et qui partage nos préoccupations. Certes les attentes sont nombreuses et variées, mais vu ses actions concrètes au cours de ces douze premiers mois, il est très bien parti. Je suis enfin fier de mon pays.

Les envahisseurs
La colonisation rwandaise se poursuit en RDC sous une forme ou une autre. On ne parle plus des « voisins » ou des « étrangers », mais des envahisseurs. Les Congolais ne veulent pas se laisser faire. Ils veulent exister. J’ai apprécié le billet de Francis Kpatindé (« Trop, c’est trop ») dans J.A.I. n° 2210. Vos articles sont pour nous une bulle d’air, de liberté et d’espoir.

Qui suis-je ?
Née en France de parents algériens, je corresponds parfaitement à la jeune Beurette. Ma double culture a, hélas ! fait naître en moi un sentiment étrange. J’ai l’impression d’être un parfait caméléon. Oui, un caméléon qui passe d’un tableau à l’autre en prenant toutes ses couleurs. Je suis un trompe-l’oeil qui se fond dans la toile, avec harmonie et douceur. Je suis celle qui prône un discours libéral mais qui, au fond d’elle même, reste attachée à des traditions moyenâgeuses ! Française ? Algérienne ? Beurette ? Qui suis-je vraiment ? Je souffre.

Là où Mobutu avait réussi
Où a-t-on vu un pays dirigé par cinq personnes, un président et quatre vice-présidents ? Nulle part. Cela montre que la classe politique est assoiffée de pouvoir. Peu importe les arrestations arbitraires. Ce qui compte, c’est l’intérêt personnel. Malgré tout ce qu’on avait pu lui reprocher, Mobutu avait réussi là où tout le monde a échoué : gérer seul un immense pays avec toutes ses disparités.

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« Tu ne passes pas sans argent »
Le règne de Joseph Kabila n’a rien changé. Au contraire, la souffrance a augmenté. La corruption est générale. Dès l’arrivée à l’aéroport de N’Djili, à Kinshasa, on s’en rend bien compte. Avec un passeport dûment en règle, l’agent de l’immigration vous dit : « En ordre ou pas en ordre, tu ne passes pas sans argent ! »

Le calvaire de Bonamoussadi
Quelques mois après la destruction par les bulldozers des constructions dites nouvelles du quartier estudiantin de Bonamoussadi, à Yaoundé, tout semble redevenir comme avant. Les autorités universitaires et gouvernementales ne réagissent pas. Pourtant, la démolition des bars et autres lieux de commerce et de prostitution était présentée comme un début de solution au problème d’insécurité. Il y a eu un grand tapage médiatique autour de cette campagne de « moralisation ». Aujourd’hui, les murs ressurgissent, les bars et les boutiques sont de nouveau ouverts et l’insécurité refait surface. Comme avant, il ne se passe pas un jour sans vol, braquage, viol, agression… Même le campus de l’université de Yaoundé-1 n’est pas épargné.

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L’Irak post-embargo
Thomas L. Friedman nous a donné son point de vue sur l’Irak (n° 2212). Encore une fois, il brille par des propos qui témoignent de son ignorance des réalités. Il dit avoir parcouru l’Irak « dans tous les sens » pour juger l’après-Saddam. Non, cet Irak n’est pas un « post-Saddam ». C’est l’administration américaine qui est responsable de ce qu’a fait Saddam, de l’embargo qui a tué des enfants et de tous les dégâts qui ont suivi.

Où va l’Afrique ?
Afrique tu nous as fait espérer, tu nous as fait rêver, nous croyions en toi, en ta force.
Afrique tu étais sur la bonne voie, la voie de la démocratisation, la voie du progrès.
Afrique, aujourd’hui tu nous offres le chaos, la violence, les massacres, les coups de force, la haine… Liberia, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Nigeria, Soudan, RDC…
Afrique, est-ce donc la seule chose dont tu es capable ?
Afrique, tu redeviens le terrain de jeu des armées étrangères, des mercenaires et autres marchands de mort.
Afrique, que se passe-t-il Afrique, tu redeviens le terrain de jeu des armées étrangères, des mercenaires et autres marchands de mort.
Afrique, que se passe-t-il ? Après tant d’efforts, tu abandonnes ?
Afrique, existes-tu encore ?

Sauvez la Guinée !
Mon pays, qui est qualifié de « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », manque cruellement d’eau et de courant électrique. Alors que les prix des denrées de première nécessité flambent, alors que les marchés ressemblent à des poubelles, alors que la jeunesse croupit dans la misère, la honte et le désespoir si elle n’excelle pas dans le vol, alors que la pauvreté prive de toute dignité les gens plus modestes, la radio et la télévision, qui ont perdu la notion de déontologie, font vos louanges et tentent d’égarer le peuple. Ô ma Guinée, que t’arrive-t-il ? Pourquoi faut-il que tu sois à chaque fois dans les mains de tes fils les plus indignes de toi ? Je prie le président de la République de bien vouloir arrêter ce discours démagogique et donner une nouvelle chance à la démocratie. Le changement bouillonne dans le coeur de toute la jeunesse. Sauvez-la de l’exil et du mensonge.

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