« Au nom du peuple d’Ouganda, je vous défie [Yoweri Museveni] lors d’une élection libre et juste en 2021 », a déclaré mercredi le chanteur Bobi Wine, Robert Kyangulanyi de son vrai nom, lors d’un rassemblement à Kampala. Âgé de 37 ans, il avait été élu député une première fois le 29 juin 2017 lors d’une élection partielle dans la région de Kampala, la capitale ougandaise.
Le musicien avait mené une campagne très critique envers le gouvernement, dont il va devenir l’un des principaux opposants. Il avait même déclaré être prêt à défier Yoweri Museveni pour la présidentielle « si mon équipe estime que je suis la bonne personne », mais n’avait pas officialisé sa candidature.
« Président du ghetto »
Bobi Wine est devenu le porte-parole d’une jeunesse ougandaise urbaine qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du président Yoweri Museveni, 74 ans. Museveni est le seul président que la plupart des Ougandais connaissent, dans un pays où un habitant sur deux a moins de 16 ans.
À l’initiative du parti au pouvoir, la Constitution a été récemment modifiée pour supprimer la limite d’âge pour briguer la présidence, l’autorisant ainsi à se présenter pour un sixième mandat en 2021.
Ces derniers mois, visiblement inquiètes de la notoriété grandissante de Bobi Wine, les autorités l’ont à plusieurs reprises empêché de se produire en public. Il a été arrêté ou assigné à résidence à plusieurs reprises, notamment dans le cadre de son inculpation pour avoir organisé un rassemblement illégal en juillet 2018. Des poursuites selon lui à motivations politiques.
Manifestations réprimées
Le député d’opposition a par ailleurs été arrêté et inculpé de trahison, à la suite du caillassage du convoi du président Museveni en marge d’une élection législative partielle à Arua (nord), le 14 août 2018, remportée par le candidat de son parti face à celui du pouvoir. Dans les échauffourées qui avaient suivi ce jour-là à Arua, la police avait ouvert le feu et tué le chauffeur de Bobi Wine.
Le député a assuré avoir été torturé lors de sa détention provisoire en août 2018, ce que les autorités démentent. Une fois libéré, il s’était rendu six semaines aux États-Unis pour des soins. Son arrestation et son inculpation avaient entraîné des manifestations violemment réprimées par la police et l’armée.
Méfiant, le parti au pouvoir, le Mouvement de la résistance nationale (NRM), a appelé dès le mois de février le président Museveni à « continuer à diriger le mouvement et l’État en 2021 et au-delà pour éliminer les freins à la transformation » du pays.