Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 24 mai 2005 Lecture : 7 minutes.

Éviter le chaos
La République de Guinée est au bord de l’anarchie. Le « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » est en effet confronté à une multiplication des partis politiques. Tous les intellectuels guinéens – qu’ils soient leaders politiques ou pas – devraient projeter leur pensée vers l’avenir et privilégier l’intérêt général aux tendances particulières. Sinon, notre pays basculera dans le chaos. Pourquoi ne pas s’unir et créer un seul parti d’opposition pour éviter les dérives ethniques ?

Après Diana
Après la princesse Diana, dont le coeur avait à terme battu pour un homme d’origine égyptienne, voici qu’en l’an 2005 le prince Albert de Monaco nous dévoile, au grand dam des « chasseurs de scoops », sa paternité reconnue et assumée. Et ce consécutivement à une relation avec une femme née de mère togolaise.
Un pied de nez aux dynasties conservatrices et aux racistes primaires de tout bord… « Pas de ça chez nous ! » disent-ils. Tout en ignorant que la mondialisation, c’est aussi pouvoir s’amouracher d’une personne étrangère, quelle que soit sa race, sa religion ou sa condition sociale. Car de nos jours, les princes et les princesses « à marier » ne veulent plus se laisser enfermer « dans les poulaillers d’acajou et les belles basses-cours à bijoux… »
On ne combat pas le racisme avec des slogans. Mais à travers des actes concrets, concourant à rapprocher les gens. Quitte à briser les tabous.

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Où sont les Guinéens ?
Le 30 avril, au premier Salon du livre africain de l’Unesco, où je me trouvais pour la signature de mon ouvrage (Guinée, rumeurs et clameurs, éditions L’Harmattan), j’ai vu passer beaucoup de monde, d’Afrique et d’ailleurs. Mais je n’ai guère vu plus d’une dizaine de Guinéens. Où étaient-ils ? Seraient-ils las de connaissances livresques, accumulées durant de longues études sans lendemain, car ils sont condamnés à occuper ailleurs des postes subalternes ou alimentaires, à ne vivre que de petits métiers sans rapport avec leur formation ? J’aurais tendance à les comprendre, tous ces cadres abandonnés à leur triste sort par un pays en pleine dérive et qui a, depuis longtemps, tourné le dos à l’évolution et au progrès.
Tolomsè Camara, France

Une seule solution, la répression
Depuis quelques années, les campus universitaires sont en ébullition un peu partout en Afrique subsaharienne. Les étudiants réclament de meilleures conditions de vie et de travail. Les gouvernements sont au courant de ces difficultés et, contrairement à ce qu’on prétend, ils ont les moyens d’y apporter des solutions durables et efficaces. Hélas ! ils se préoccupent davantage des élections ou des prochains remaniements ministériels que de l’avenir de leur peuple, et encore moins du sort des étudiants, futurs chômeurs à la fin de leurs études. Aussi, à la moindre manifestation, les forces répressives sont mobilisées. S’il en était de même à l’encontre des bandits de grand chemin, nous aurions les pays les plus sûrs du monde.

Sortir la Gambie du marasme
Je me demande pourquoi Yahya Jammeh, président de la Gambie, ne demande pas l’intégration de son pays dans la zone CFA. Ce qui aboutirait à désenclaver le pays et à rompre son isolement ; donnerait un coup de fouet bénéfique à l’économie, donc à l’émancipation de son peuple ; et permettrait de construire le pont tant attendu entre Banjul, la capitale, à la rive opposée du fleuve de Gambie. Les deux bacs chargés d’assurer cette liaison sont loin d’être suffisants et efficaces. Résultat : des camions surchargés, des cars de touristes, des voitures particulières, des ambulances… forment des files d’attente interminables et patientent de longues heures, voire de plusieurs jours pour les camions.
Yahya Jammeh doit rompre avec le statu quo misérabiliste qui bride son charmant pays et son aimable population.
Dr Samir Doghri, Dakar, Sénégal

Que dit la Constitution européenne ?
Fidèle lecteur de votre journal, j’apprécie votre souci d’informer les lecteurs que nous sommes sur la fameuse Constitution européenne, par exemple dans les numéros 2312 (« Il faut sauver le oui… »), 2313 (« Alors, c’est non ou c’est oui ? ») ou 2314 (« Rumeurs, conjectures et arrière-pensées »). Mais la façon dont vous en parlez donne l’impression que vous vous adressez uniquement aux Européens en général et aux Français en particulier. Je constate que vous ne nous dites rien sur le contenu de ladite Constitution. Nous n’en savons rien, nous qui ne sommes pas européens.
D’où les questions suivantes : en quoi consiste ladite Constitution ? Quels en sont le bien-fondé et les avantages pour que la France en fasse une telle affaire et donne l’impression de se l’approprier ?
Johnny Ntumba Dipa, Osaka, Japon

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Si loin de Lomé
Décidément, la situation politique au Togo n’est facile à comprendre pour personne, surtout pour les Européens qui sont si loin de Lomé. Juste après l’élection, un rapport dit « confidentiel » dénonçant des irrégularités et supposé venir de la Commission européenne a longtemps circulé, avant que cette dernière ne s’en démarque officiellement. Après les résultats, la Commission, par la voix de Louis Michel, « prend note » de l’investiture de Faure Gnassingbé en appelant à un gouvernement d’union. Coup de théâtre, le Parlement européen quant à lui demande la reprise pure et simple de l’élection, refusant de reconnaître les nouvelles autorités.
S’il est vrai que la dernière élection au Togo est plus que contestable, est-ce une solution de pousser l’opposition togolaise dans une partie de bras de fer ? Ne serait-il pas préférable que l’UE travaille à mettre en place des conditions idéales pour les prochaines élections législatives ? L’opposition togolaise, si elle est aussi populaire qu’elle le prétend, gagnerait celles-ci, ce qui aurait pour effet de mener les deux camps à une cohabitation, sorte de transition.

À propos du Niger
Je suis heureux d’avoir lu la lettre intitulée « Aidons réellement le Niger » (voir J.A.I. n° 2312). Mais il me semble que son auteur a une culture essentiellement européenne. Mon pays compte plus de 11 millions d’habitants. Il est le 3e producteur mondial d’uranium et dispose de sites touristiques de réputation internationale. Il bénéficie de quatre mois de saison des pluies, comme tous les pays sahéliens, et possède plusieurs cours d’eau, dont un fleuve qui porte son nom. Certes, le Niger est un pays pauvre, mais il me semble indispensable que cette lectrice aille découvrir ce pays sur place et enrichisse sa connaissance de sa culture, son histoire et sa géographie.
Idrissa Saley, Blida, Algérie

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sourire
Dessin de Wasserman paru dans

Charmant minois
Jusqu’à aujourd’hui, je mettais innocemment sur le prénom de Coumba le corps d’un être masculin du genre garde du corps de feu le général Gnassingbé Eyadéma, autrement dit celui d’un gaillard de 120 kg tout en muscles. En lieu et place, c’est un charmant minois que je découvre sous le nom de Coumba Diop dans le « Post-scriptum » de votre n° 2311. D’où l’utilité de mettre de temps à autre la photo d’un collaborateur quand il signe un article.
Sachez que ce n’est pas pour autant que je cesserai de lire les textes de Fouad Laroui.

La cause des Bushmen
J’ai déjà évoqué dans vos colonnes le triste sort des Gans et Gwis, expulsés de leurs terres ancestrales, le désert du Kalahari, parce que le gouvernement du Botswana souhaite en exploiter le sous-sol riche en diamant et en uranium. Les Bushmen ont intenté un procès au gouvernement en vertu de la clause 514-3-c de la Constitution, qui stipule que la libre circulation des citoyens peut être restreinte dans des « territoires particuliers », si cela s’avère nécessaire au bien-être des Bushmen. De son côté, le gouvernement du Botswana presse le Parlement d’adopter une loi destinée à annuler cette clause. Cette démarche intervient en plein procès : faut-il y voir une simple coïncidence ?
François Caroline, Évry, France

Le Cap-Vert n’est pas l’Afrique
J’ai été surpris par le Plus que vous avez réalisé sur mon pays, le Cap-Vert (voir J.A.I. n° 2313). En dehors du « Prélude », vous révélez une grande méconnaissance du pays, comme la plupart des Africains. Lorsque vous écrivez qu’« à l’exception de la couleur de la peau des habitants et des rythmes musicaux, le continent semble loin », il me semble justement que ces deux points font que le Cap-Vert ne fait partie ni de l’Afrique subsaharienne (17 % seulement de la population est noire) ni de l’Afrique arabo-berbère. Notre musique et notre culture n’ont que peu de liens avec le continent, et notre langue lui est également étrangère. Vous dites que « la colonisation favorisa ensuite le métissage », mais vous vous trompez encore, car ce pays n’a jamais été colonisé, tout simplement parce qu’il était inhabité lorsqu’il fut « découvert ». Comment coloniser un peuple qui n’existe pas ? C’est le peuplement qui a favorisé le métissage. Bref, nous sommes bien atlanticos, ce sixième continent dont parle l’auteur du « Prélude », et non africains.
Réponse : Comme vous l’écrivez vous-même, le Cap-Vert est d’abord, et surtout, un pays métissé, à la charnière de l’Europe et de l’Afrique. C’est d’ailleurs ce que nous avons voulu souligner en titrant ce « Plus » : Entre deux mondes ».

Pour une transition apaisée
Les Guinéens sont confrontés chaque jour à l’épineuse question de leur survie, en attendant de renouer avec l’espoir. Quelles sont les options de sortie de crise ? Trois possibilités s’offrent à nous. Soit le président Lansana Conté poursuit son mandat jusqu’à son terme et donne l’essentiel du pouvoir au Premier ministre, lui permettant ainsi de conduire le dialogue politique grâce à une commission nationale électorale autonome, à défaut d’être indépendante.
Deuxième solution, le chef de l’État démissionne et laisse le soin au président de l’Assemblée nationale d’assurer la transition, conformément à la Constitution.
Enfin, dans l’hypothèse d’un blocage du dialogue national, une Commission de dialogue est confiée à des représentants de la société civile. Celle-ci pourrait être dirigée par quelqu’un comme Saran Daraba et compter des personnalités telles que Mgr Robert Sara, archevêque de Conakry, l’ancien ministre René Gomez, l’ancien président de l’Assemblée nationale Elhadj Boubacar Biro Diallo. Elle rendrait un rapport détaillé au chef de l’État, lequel ferait les ajustements nécessaires en tenant compte de l’avis des principaux partis politiques.
Cette démarche suppose que Lansana Conté se place au-dessus des partis, pour faciliter le consensus.

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