Maroc : après celles des terroristes d’Imlil, deux nouvelles condamnations à mort prononcées

Les deux Néerlandais auteurs d’une fusillade survenue en novembre 2017 à Marrakech ont été condamnés à mort. Il s’agit des quatrième et cinquième sentences capitales prononcées en l’espace de dix jours au Maroc, alors qu’un moratoire de fait y est observé depuis 1993.

Un détenu dans une prison, en juin 2017 (image d’illustration). © Gregorio Borgia/AP/SIPA

Un détenu dans une prison, en juin 2017 (image d’illustration). © Gregorio Borgia/AP/SIPA

Publié le 29 juillet 2019 Lecture : 2 minutes.

Après les trois terroristes à l’origine du double meurtre d’Imlil, la justice marocaine a condamné à mort les deux Néerlandais auteurs de la fusillade du café La Crème, survenue à Marrakech en novembre 2017. Cagoulés et à moto, les deux accusés, Edwin Gabriel Robles Martinez, d’origine dominicaine, et Shardyone Girigorio Semerel, d’origine surinamienne, avaient ouvert le feu en novembre 2017 sur les clients de ce café de la Ville ocre. Un étudiant en médecine de 26 ans avait été tué et deux autres individus blessés lors de cette attaque.

« L’ambassade est en contact direct avec l’avocat », a réagi Annemijn Van den Broek, porte-parole du ministère néerlandais des Affaires étrangères. À la question de savoir si les Pays-Bas interviendront pour contrer le jugement, le ministère a répondu qu’ « il appartient aux personnes concernées d’utiliser ou non la possibilité de faire appel ».

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« Règlement de comptes »

« Tous les Néerlandais ont droit à une assistance consulaire », a ajouté Van den Broek, affirmant que « les Pays-Bas s’engagent au niveau européen contre la peine de mort, y compris au Maroc ». Les deux Néerlandais, qui ciblaient le propriétaire du café, ainsi que plusieurs autres suspects, avaient été arrêtés dans les jours suivant la fusillade. Les autorités locales avaient alors évoqué un « règlement de comptes » et un acte « directement lié à un réseau criminel ayant des ramifications dans certains pays européens ».

Dans la même affaire, une quinzaine d’autres accusés ont été condamnés vendredi à « des peines allant de 3 mois à 20 ans de prison », notamment pour « constitution de bande criminelle », a déclaré l’avocat Abdellatif Htitech. Le propriétaire du café a, de son côté, été condamné à 15 ans de prison, notamment pour « trafic de drogue », a précisé Me Htitech, qui représente la partie civile, en l’occurrence la famille de l’étudiant tué.

Cinq condamnations à mort en dix jours

La nouvelle fait grincer des dents le mouvement abolitionniste. En l’espace de dix jours, cinq condamnations à la peine de mort ont été prononcées dans les tribunaux marocains. Jeudi 18 juillet, le tribunal antiterroriste de Salé prononçait la peine capitale à l’encontre de trois hommes pour l’assassinat de deux touristes scandinaves, décapitées en décembre dans les environs de Marrakech, au nom du groupe État islamique. Des pétitions réclamant l’exécution des assassins avaient circulé sur internet, le double meurtre ayant suscité une grande émotion dans le royaume.

Au Maroc – comme en Mauritanie, en Tunisie et en Algérie – , la peine capitale existe toujours. Un moratoire de fait est cependant observé, puisque la dernière exécution date de 1993. Il s’agissait de celle du commissaire Mohamed Mustapha Tabit, un officier de police jugé pour viol. Si les statistiques varient d’une année sur l’autre, des justiciables sont régulièrement condamnés : 6 en 2016, 15 en 2017, 10 en 2018, selon les chiffres communiqués par Amnesty International. Chaque année, des grâces royales sont toutefois prononcées pour ces détenus, comme en juin 2019 à l’occasion de l’Aïd el-Fitr.

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