L’ombre d’un soupçon

Publié le 23 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

En consacrant, le 9 mai, un bref article à la profanation du Coran dont se seraient rendus coupables des soldats américains sur la base de Guantánamo, Newsweek n’imaginait sûrement pas qu’il allait provoquer une vague d’indignation et de violence – à travers le monde musulman. En plusieurs endroits, des manifestations de protestation ont tourné à l’émeute. C’est en Afghanistan que les réactions ont été les plus violentes : au moins dix-sept morts et plusieurs centaines de blessés. L’administration Bush a aussitôt accusé l’hebdomadaire d’avoir mis le feu aux poudres en publiant de manière « irresponsable » une information manifestement fausse. « Nous avons pensé qu’elle valait la peine d’être publiée, dans la mesure où un responsable américain affirmait que des enquêteurs en avaient apporté la preuve », a d’abord rétorqué Mark Whitaker, le rédacteur en chef.

Par la suite, il est apparu que l’informateur en question n’était plus très sûr de ses allégations, ce qui a contraint Whitaker, le 15 mai, à présenter des excuses publiques pour les « inexactitudes » contenues dans l’article incriminé. Ces excuses ayant sans doute été jugées insuffisantes par la Maison Blanche, la direction de Newsweek a, dès le lendemain, publié un communiqué laconique : « Sur la base de ce que nous savons aujourd’hui, nous retirons l’information selon laquelle une enquête interne de l’armée américaine aurait établi la réalité d’une profanation du Coran sur la base de Guantánamo. »
Tous les doutes ne sont pas dissipés pour autant. Le 16 mai, plusieurs anciens détenus britanniques de Guantánamo ont en effet témoigné que des soldats américains se seraient bel et bien livrés à des profanations du Coran à de multiples reprises. L’un d’eux, Moazzam Begg, affirme avoir assisté à plusieurs incidents de ce type sur la base américaine de Bagram, en Afghanistan, où le Livre saint aurait été « placé dans un endroit servant de latrines ».

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Par ailleurs, dans une interview parue au mois d’avril dans le quotidien La Gazette du Maroc, Mohamed Mazouz, un ressortissant marocain, témoigne de ce qu’il a vécu dans les prisons d’Afghanistan, du Pakistan et de Guantánamo : « Les Américains ont pissé sur le Coran, ils l’ont déchiré », raconte-t-il notamment.

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