Le Maghreb chez Albert II
Publié le 24 mai 2005 Lecture : 2 minutes.
Il existe à Monaco une petite banque très chic – insistez un peu, bousculez-moi, je vous en donnerai l’adresse – où les riches Maghrébins déposent leurs éconocroques pour que des golden boys monégasques les fassent fructifier loin des regards indiscrets. Le siège de cette banque se trouve à un jet de diamant d’un petit café où j’ai mes habitudes (ruineuses, un cola light vous allège de 7 euros…).
À chaque fois qu’assis sur un tabouret je sirote mon light en regardant devant moi – et qui pourrait me reprocher de regarder devant moi ? -, je finis toujours par repérer un Maghrébin sapé comme un milord, l’attaché-case à la main et qui se faufile bidimensionnellement dans la banque. De sombres tractations se déroulent sans doute derrière la façade néorococo, mais nul n’en saura rien. Quelques minutes plus tard, l’homme réapparaît sur le seuil, tridimensionnel, la panse avantageuse, la moustache luisante et l’attaché-case vide. Du moins peut-on le supposer, car notre héros lui imprime maintenant un mouvement nonchalant de balancier. Allons ! Les zlotys sont en sécurité, Monsieur est riche et la plupart de ses concitoyens ont des fins de mois difficiles. Tout baigne.
D’où, chère amie lectrice, cher ami lecteur, la question à 7 euros monégasques que je me pose, tapi sur mon tabouret : si je délestais le porteur de valise de ses biftons avant qu’il ne pousse la porte de l’agence, ne serait-ce pas simple justice ? N’est-ce pas le fruit de mon labeur et du vôtre que ces forbans font travailler pour Son Altesse Sérénissime le Prince de Monaco ? Le magot ne serait-il pas mieux employé dans une banque du Maghreb, où il stimulerait l’investissement local et donc la croissance et l’emploi ? Hein ?
Bon, à titre personnel, je suis trop couard pour me lancer dans une carrière de redresseur de torts – et je souffre aussi d’une sciatique carabinée -, mais si l’un de vous se sent une vocation de Robin des Bois ou de Rabi’ de Rabat, qu’il se manifeste pour acquérir l’adresse de la banque et du café – et bon butin !
